Chapitre Onze
Je souffrais affreusement. Il ne m'avait pas tuée, il me laissait mourir. Roulée en boule, les mains crispées sur ma plaie, j'observai Denko, bien que mes yeux aient du mal à rester ouverts. Je l'avais mis en danger. Il aurait pu mourir... Je m'en voulais terriblement. Au loin, j'entendis une voix. Et des pas qui se rapprochaient. Faites que Jegran soit parti et que ce ne soit pas un soldat lilty.
- Oh non !
Grégory courut vers moi et s'agenouilla. Il se mordit les lèvres. Il se releva brusquement et recula, comme effrayé.
- Que... Qu'est-ce qu'il y a... ? demandai-je d'une petite voix.
- Tu... rayonnes...
Je ne compris pas tout de suite. Mon épaule me brûlait, j'avais envie de hurler tant ma blessure me faisait mal. Je me roulais encore plus en boule. J'avais la sensation que des lances me transperçaient. Et soudain... plus rien... Je me redressai sur un coude et soulevai légèrement mon bustier. Je n'avais aucune plaie, aucune cicatrice, rien. Je fronçai les sourcils.
- Tu... vas bien ?
Je relevai la tête vers Grégory.
- Heu... Oui ?
Il semblait halluciné. Comment avais-je pu ressusciter, comme ça, presque en claquant des doigts ?
- Natacha, murmura le Clavat. Tu... devrais essayer de le soigner... Si tu y arrives, bien sûr...
- Qui ?
Il désigna du menton un corps étendu par terre, secoué de spasmes de douleur.
- Oh mon Dieu ! Denko !
Je me précipitai vers lui et manquai de tomber à plusieurs reprises. Je tournai son visage vers moi. Sa peau hâlée en temps normal était aussi blanche que la neige du jardin du Monastère. Denko s'était très violemment cogné au sol. Sa tête saignait abondamment. Je le regardai, sans savoir quoi faire. Je me tournai vers Grégory. Il s'approcha sans rien dire, prit ma main et la posa sur la plaie de Denko. Puis il recula, tout simplement.
Ma main se mit à briller d'une lumière dorée très intense, qui me fit mal aux yeux. Mon épaule me brûla une nouvelle fois. Denko se tordit dans tous les sens, sûrement en proie avec l'horrible sensation de transpercement. Il se tortilla encore un peu et s'arrêta de bouger, apaisé. Il ouvrit doucement les yeux et eut un pâle sourire en me voyant. Quant à moi, je me sentais un peu... bizarre ? Un peu différente aussi.
J'aidai Denko à se relever et le contrains à s'appuyer sur moi. Je l'avais peut-être sauvé, il restait faible et chancelant. Un peu comme moi, mais j'évitais de le montrer. Je ne comprenais pas ce qui s'était passé. Depuis quand suis-je en mesure de soigner et sauver ? Je n'ai jamais fait cela avant...
- Grégory... Est-ce que, quand tu utilises tes pouvoirs... ta commissure te brûle ? demandai-je doucement.
Grégory réfléchit un peu.
- Je ne me suis jamais posé la question mais en y pensant... Je crois bien que oui.
- Denko, retiens-toi au mur, dis-je à mon ami.
Il s'exécuta, sans vraiment comprendre. Je tombai à genoux, abasourdie. Grégory m'aida à me relever.
-Grégory, soufflai-je, je suis une porteuse de cristal.
