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 Lune T2/Chapitre 14

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quelemondeestbeau
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quelemondeestbeau

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Lune T2/Chapitre 14 Empty
MessageSujet: Lune T2/Chapitre 14   Lune T2/Chapitre 14 EmptySam 25 Oct - 19:04

XIV.
Vers le troisième indice


La nuit était tombée sur la sinistre Baie de la Mort, plus noire que les nuits partout ailleurs. Elle était si noire qu'on ne pouvait plus voir l'eau de la Baie. Seul le clapotement des vaguelettes sur le sable nous rappelait sa présence. Un feu de bois, allumé deux heures auparavant, brûlait encore, bien que très faiblement. Paradoxalement, le silence était moins lourd la nuit que la journée.
Non loin de moi retentirent les premiers ronflements des premiers pirates endormis. Ils avaient mérité une bonne nuit de sommeil après ce que nous avions vécu aujourd'hui. J'étais véritablement soulagée qu'aucun d'entre eux n'ait perdu la vie mais, demain, il nous faudra explorer la Baie. Si je connaissais désormais les eaux qui la bordaient, j'étais en revanche complètement ignorante en ce qui concernait sa forêt et ses alentours. Cependant, j'avais envie de penser que, comme pour le second indice, quelque chose d'imprévu m'aidera à trouver le troisième indice.
Allongée dans le sable, la tête sur la veste de Dirk, j'admirai les étoiles. Elles étaient si brillantes ici. Je tentai de repérer des constellations mais je ne pus que distinguer des amas d'étoiles a priori insignifiantes. Ces milliards de petites boules de gaz me firent penser à la première fois que j'avais parlé avec mon père qui, à ce moment-là, n'était que Monkey pour moi, l'homme du nid-de-pie. Comment allaient mes parents cette nuit ? Etaient-ils inquiets ?
Oui, évidemment. J'espérais simplement que leur inquiétude ne les empêchait pas de vivre comme avant. Ces pensées m'obstinèrent pendant près d'une heure, ne me permettant pas de trouver le sommeil. Cependant, au bout d'une heure d'idées noires, la fatigue m'emporta et je m'endormis profondément jusqu'au petit matin.

***

La chaleur du soleil matinal me réveilla doucement mais Blake se chargea de me mettre rapidement sur pieds en criant dans mon oreille droite. Une fois debout, je lui adressai un regard plein de reproches, que j'eus beaucoup de mal à garder en voyant son air désolé. Finalement, je soupirai et le fis monter sur mon épaule avant de jeter un coup d’œil vers les pirates encore ensommeillés.
Le feu allumé la veille crépitait à peine, quelques étincelles venaient mourir sur le sable fin tandis que les branches achevaient de se consumer. Il devait être six heures du matin environ, le soleil n'était pas très haut dans le ciel et la chaleur était supportable. D'ici une heure ou deux, le soleil tapera beaucoup plus fort.
Au bout de quelques minutes à observer les pirates endormis, je finis par hausser les épaules, faisant ainsi sursauter Blake. Je n'avais pas le cœur de les réveiller, ainsi avais-je décidé de chercher de quoi nous remplir l'estomac. Partir à l'aventure le ventre vide était toujours une mauvaise idée. Le perroquet et moi nous dirigeâmes vers l'unique cocotier qui avait accompli l'exploit de pousser ici, sur cette terre maudite. Sans que je lui dise quoi faire, Blake s'envola et se posa sur la cime de l'arbre. Puis, à l'aide de son bec étonnamment puissant, il sectionna les tiges qui retenaient les noix de coco. Lorsque les tiges furent coupées, les noix de coco tombèrent toutes une par une et atterrirent sur la plage. Pendant ce temps, je pris soin de ne pas rester sous les régimes de noix de coco.
Je me servis ensuite de la veste de Dirk comme d'un baluchon et y entreposai les quatorze noix que Blake avait précédemment fait tomber. Ce dernier revint sur mon épaule en pépiant joyeusement. Je lui grattouillai affectueusement la tête et retournai vers l'endroit où les pirates dormaient profondément. Seul Edmund, le « médecin », s'étirait en baillant. Je posai la récolte non loin de là et m'avançai vers lui.

- Bonjour, bien dormi ? commençai-je.
- Plutôt bien, oui. Même si je n'ai pas arrêté de rêver des événements de la veille...

Derrière nous, Blake se faisait un malin plaisir de réveiller les flibustiers un par un, en utilisant la technique redoutable du cri suraigu dans l'oreille. La plupart se redressa vivement en pestant contre « cet oiseau de malheur ».

- J'ai été cueillir le petit-déjeuner.

Edmund regarda dans la direction que j'indiquais et sourit en aperçevant les noix de coco. Une main se posa sur mon épaule. Je reconnus la poigne de Dirk.

- Bonjour Dirk, le petit-déjeuner est dans votre veste.

Il m'adressa un regard interloqué avant de se diriger vers sa veste. La gourmandise traversa ses yeux au moment où il vit les fruits.

- Dirk raffole des noix de coco, commenta Edmund. Personnellement, je trouve que c'est un fruit avec peu de goût mais ça a le mérite de nourrir correctement.
- Depuis quand êtes-vous médecin à bord du Cœur ? lui demandai-je avec curiosité.
- Depuis toujours. Je n'ai connu que le Cœur. Spark est un bon capitaine même s'il lui arrive d'être sacrément têtu. Dirk était moins borné.
- Dirk a été capitaine du Cœur avant Spark ?

Edmund hocha la tête. Les grognements peu discrets de mon ventre me rappelèrent que j'avais terriblement faim. Le médecin sourit puis me conseilla d'aller manger. Je ne discutai pas son conseil et allai rejoindre ceux qui avaient commencé à petit-déjeuner. Elijah et Aidan découvraient le goût de la noix de coco tandis que Dirk savoura la sienne avec délectation. Victor grignotait en rêvassant et Alexander s'attachait à ne rien laisser de comestible dans sa noix de coco. En me voyant arriver, Timothy me tendit un fruit et m'aida à le casser. Comme Elijah et Aidan, je découvrais le goût subtil de la noix de coco. Cinq minutes plus tard, Edmund nous rejoignit et mangea à son tour.
Une fois le petit-déjeuner terminé, nous réunîmes les coques vides en un petit tas et nous mîmes debout, dans le but de démarrer nos recherches dans la forêt et sur la plage. La forêt paraissant nettement plus dangereuse que la côte, seuls cinq pirates restèrent sur la côte. Ainsi, Timothy, Duncan, Edmund, Elijah et Aidan commencèrent leurs recherches dans les alentours, sans trop savoir quoi chercher. Les huit autres pirates et moi pénétrèrent dans la forêt sombre et dense. Les arbres étaient si touffus et si serrés que la lumière peinait à se frayer un chemin parmi les branches. Nous ne voyions presque rien.
Colin, notre cartographe attitré, était passé devant nous. Nous n'avions emporté ni torche ni lanterne si bien que seule la voix posée de Colin nous permettait de ne pas tomber ou – pire encore – nous égarer. Après un long moment à marcher sans savoir où aller ou quoi faire, je finis par prendre la parole :

- Laissez-moi passer devant, je peux être utile.
- Ah oui ? Et comment ?

Je me tournai vers Lewis. Tout comme Elijah ou Aidan, Lewis avait été recruté à Port-Royal, mais contrairement aux deux premiers, il avait décidé d'être désagréable avec moi, allez savoir pourquoi.

- Mes yeux ne sont pas comme les vôtres, ils voient des choses que vous ne voyez pas car vous n'y prêtez pas attention, lui expliquai-je calmement.
- Tu veux nous faire croire que tu as des facultés surnaturelles. (Il regarda l'avant du cortège.) Ne l'écoutez pas, Dirk. Elle veut juste se rendre intéressante.

Les pirates cessèrent tous de marcher et dirigèrent leurs regards vers nous. Dirk, qui marchait aux côtés de Colin, vint à nous. Il toisa méchamment Lewis et posa une main sur mon épaule.

- Ecoute-moi bien, petit, fit-il, menaçant. Leanne est membre de l'équipage depuis plus longtemps que toi et tout le monde l'apprécie. Elle a réellement des pouvoirs qui nous ont déjà aidés par le passé. (Il se rapprocha de lui. Lewis recula.) Encore une critique de ta part à son encontre et tu ne remettras jamais les pieds sur le Cœur. Compris ?
- Compris, marmonna-t-il de mauvaise grâce.

Après l'avoir longuement observé, Dirk m'emmena à l'avant du cortège. Certains pirates me lancèrent des mots gentils et s'offusquèrent du comportement de Lewis. Personnellement, ça ne m'atteignait pas. Je savais qui j'étais, je n'avais rien à lui prouver.

- Si jamais tu vois quelque chose, préviens-nous, me rappela Dirk.

Nous reprîmes ensuite tranquillement notre marche, toujours guidés par la voix de Colin. Nous nous enfoncions toujours plus dans la forêt sans jamais rien trouver de concluant. Les branches nous empêchant de voir la lumière du soleil, nous perdions la notion du temps et ne savions pas si nous avions déjà marché des heures ou à peine une vingtaine de minutes.
Je regardais régulièrement autour de nous, avec beaucoup d'attention, pour ne pas laisser passer un détail qui pourrait nous aider. Hélas, il n'y avait rien dans cette forêt, si ce n'est des arbres, des branches, des caillous et encore des arbres. D'ailleurs, ce genre d'arbres n'était pas très répandu dans les îles caraïbes.
Nous marchâmes encore un bon bout de temps en silence, prêtant l'oreille au moindre bruit inhabituel. Dirk fit finalement signe de s'arrêter.

- Faisons une pause, nous avons déjà beaucoup marché. Si j'en crois ma montre, cela fait deux heures que nous explorons cette forêt.

Les hommes s'assirent sur des rochers ou à même le sol. Quant à moi, j'étais sur le point de les imiter quand un détail attira mon regard. Quelque chose brillait plus loin sur notre droite. Je m'avançai vers cette lueur.

- Où vas-tu ? m'interpella Dirk.
- Ce n'est peut-être rien mais... Je reviens dans une minute.

Le pirate s'ajouta rien et me laissa partir seule vers cet étrange éclat. Les hommes murmurèrent entre eux et je devinai parmi ces messes basses la voix nasillarde de Lewis, critiquant sûrement le fait que Dirk me fasse confiance.
Il me fallut marcher dix minutes sans jamais quitter des yeux la lueur. Je manquai à plusieurs reprises de me cogner à une branche trop basse durant tout le trajet. Néanmoins, je parvins à découvrir d'où provenait cette étincelle. Je me rapprochai sans bruit, surprise.

- Tiens, comme on se retrouve...

Je dévisageai l'homme qui venait de me saluer. La dernière fois que je l'avais vu, il m'avait donné une carte menant directement au Château du Val d'Argent. Qu'allait-il me donner cette fois ?

- Comment êtes-vous arrivé ici ?
- Ce serait trop long et compliqué à expliquer. Disons simplement que je peux vous aider. Encore une fois.

Il laissa s'installer un silence théâtral. Je finis par poser la question qu'il attendait avec une impatience non dissimulée :

- Comment ?

L'homme s'appuya contre le rocher derrière lui en le caressant du bout des doigts.

- Que voyez-vous dans mon dos ? m'interrogea-t-il sans quitter sa position.
- Un rocher ? proposai-je.

Il émit un léger rire.

- Vous n'y voyez donc qu'un rocher ?
- Que suis-je censée y voir ?
- Savez-vous où nous sommes actuellement ?

Je ne répondis pas, perplexe. La question était purement rhétorique et la réponse était tellement évidente que je le laissai répondre.

- A la Baie de la Mort, réputée pour ses sirènes mais également pour sa Caverne aux Stalactites.

Je tiquai. J'avais déjà entendu cette phrase. Du moins, j'avais déjà entendu le début de cette phrase, à propos des sirènes de la Baie. Sans quitter l'homme des yeux, je fouillai dans ma mémoire et je réussis à me souvenir : A la Baie de la Mort, réputée pour ses sirènes mais également... avait commencé le capitaine du Lost Soul avant que je le coupe en affirmant que les sirènes n'existaient pas.
Le fait que ce mystérieux homme répète mot pour mot ce que le capitaine avait dit ne pouvait être un hasard. Cela faisait longtemps que je ne croyais plus au hasard.

- Cette Caverne aux Stalactites, reprit l'homme, se trouve juste derrière moi. C'est là que vous trouverez le troisième indice. Mais attention : cette caverne possède ses propres règles : elle ne supporte pas le mensonge et n'accepte pas que plus de deux personnes dépassent son seuil.
- Comment pouvons-nous y entrer ?

Il cogna la roche de son talon. Bien qu'il l'ait à peine frappé, une fissure zébra la roche du bas vers le haut. En redescendant, la fissure se sépara en deux fissures plus fines, révélant ainsi une entrée invisible à l’œil nu. Pendant ce temps, l'homme n'avait pas bougé.

- Il vous suffira de pousser la roche entre ces deux fissures. La roche tombera et vous pourrez entrer.
- Pourquoi m'aidez-vous sans rien demander en échange ?
- Tout vient à point à qui sait attendre.
- Leanne ? Leanne !

Je me retournai vivement. Non loin de là, Dirk et Jonathan m'appelaient. Je pouvais sentir dans leurs voix graves une pointe d'inquiétude. Sous leurs pas assurés, des branches et des feuilles mortes craquaient.
Je reportai ensuite mon attention sur l'homme mais je m'aperçus qu'il avait disparu. Après quelques secondes d'hébétude, je hélai Dirk et Jonathan qui interpellèrent à leur tour les pirates restés plus en arrière. Dix minutes plus tard, nous étions tous en arc de cercle autour du rocher lézardé. Les fissures avaient tracé une entrée parfaite, digne des plus grands architectes.
Dirk s'avança vers le bloc de pierre.

- Qu'est-ce que c'est ?
- Là où nous devons aller, fis-je simplement.

Le pirate hocha lentement la tête et se tourna vers moi.

- Comment y entrons-nous ?
- Avant tout, vous devez savoir que seules deux personnes peuvent y entrer.
- Où as-tu appris ça ? s'étonna-t-il.
- Peu importe.

Il me fixa un instant en silence. Puis, sans commenter mon absence de réponse claire, il regarda son équipage. Il fit signe à Alexander de s'approcher avant d'accorder aux hommes présents un repos bien mérité. Tandis que les pirates s'asseyaient en discutant, Dirk posa une main sur l'épaule d'Alexander et une main sur mon épaule.

- Leanne, commença-t-il, tu as l'air de savoir quoi faire. J'ignore d'où tu tiens toutes ces informations mais je te fais confiance. Alexander, je sais que tu la protégeras envers et contre tout.

Ce dernier opina du chef. Dirk lâcha nos épaules et me lança un regard bienveillant. Je répondis à son regard d'un sourire un peu crispé et allai poser ma main entre les deux fissures qui s'étaient formées sur le rocher. Après une longue inspiration, je poussai la roche. Comme prévu, elle tomba, dévoilant un couloir étroit et sombre qui paraissait interminable.
Alexander passa en premier. Je jetai un ultime regard à Dirk.

- Bonne chance et revenez-nous, souffla-t-il.

J'acquiesçai et pénétrai à mon tour dans la Caverne aux Stalactites.
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Damona Morrigan
Fondatrice d'Alchemypoètes
Damona Morrigan

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MessageSujet: Re: Lune T2/Chapitre 14   Lune T2/Chapitre 14 EmptyJeu 6 Nov - 10:43

Excellent ! C'est un plaisir de te lire ma petite Bo, mais quelle aventure !!! Le top Love !
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Lune T2/Chapitre 14

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