[b][i]
Je ne sais pas parler de moi sans parler de toi,
Mon monde ne serait pas si tu n’étais pas là.
J’existerais encore dans des temps imbéciles,
Mes paroles s’envoleraient dans le vent, inutiles.
Si un jour au détour de ma vie insipide,
Tu n’étais apparue, clarté surgie du vide,
Que serait devenu cet étrange être hybride
A deux doigt de sombrer dans la folie morbide ?
Nous sommes indissociables à présent l’un de l’autre
Comme avers et revers de l’union qui est notre.
Nous planons d’un même vol, semblables à deux corneilles,
Dans l’espace infini que symbolise le ciel.
Nous sommes faits de secrets à l’image de la mer.
Sous la houle perpétuelle des émotions amères,
Nos abysses insondables recèlent tant de mystères
Que nos vains questionnements à jamais sont chimères.
Parfois des profondeurs, remonte le mauvais sort.
Nous reviens en mémoire la conscience de la mort,
Mais l’oubli de cette dame intervient sans effort,
Une étreinte amoureuse voilà le réconfort.
D’autres fois dans la nuit tard, j’écoute, en rêve tu pleurs,
Dans ta vie tant de choses t’ont causé du malheur
Qu’il te poursuit toujours, jusqu’au milieu de ces heures
Où pourtant l’on prétend que s’y niche le bonheur.
Je tends alors la main et la pose sur ton ventre
Puis caresse ta peine sans en atteindre l’hypocentre.
Tes douleurs lancinantes révèlent mon impuissance,
Bien qu’affligé, je ne puis apaiser tes transes.
Mais le jour, bien souvent, c’est l’éclat de ton rire
Qui enjolive ma vie et me cause du plaisir
Nous sommes comme deux enfants préférant l’oiseau-lyre
A la bassesse du temps, à la laideur de l’ire.
Nous jouons à des jeux que l’on croit d’un autre âge.
On nous juge en gamins qui ne sont jamais sages.
Les mots glissent sur le dos, imbéciles bavardages,
Jalousie et sérieux conduisent tout au naufrage.
Nous nous soumettons aux lois aussi naturelles
Que le manger, le boire, toutes les choses essentielles
Sans sentir le besoin d'espérer des merveilles
Et nous savoir du monde les plus infimes parcelles.