Dans les jardins du palais impérial, je dansais sous la brise légère du matin
Lorsqu’un étranger me prit avec lui serrée contre son kimono de soie carmin
Je fus choisie parmi toutes les fleurs des concubines de mon maître et seigneur
Et offerte par l’empereur au capitaine des océans lointains en cadeau-bonheur
J’ai traversé bien des mers, calme étendue d’eau infinie sous un ciel sans nuage,
Ou terrifiante quand le vent en colère soufflait ses mots dans la tempête de sa rage
Malmenée et blessée par les attaques incessantes des pirates aux regards envieux
J’ai pleuré ma terre jusqu’à ce que je trouve enfin le repos dans ce bois prodigieux
Lily est devenue mon nom et toutes les belles de la cour de la reine du royaume
Furent émues aux larmes quand à mes côtés apparut timide ma fille qui embaume
Toute la vallée de son odeur vivifiante, fraîche comme les jours d’un mois de mai
Sous les rayons d’un soleil émerveillé par la douceur du chant mélodieux de la forêt
Son charme doux fut bientôt connu dans d’autres pays et le roi Charles IX l’adopta
Comme elle était belle ce jour là, habillée de sa robe blanche, ma petite Convallaria
Elle ouvrait le bal aux amoureux, avec ses sœurs, sur les boutonnières des garçons
En apportant la gaieté dans le cœur des filles de la noblesse dans leur valse en rond
Et la descendance de ma lignée clochette, grelot, grillet des bois, danse toujours
A travers le monde en souvenir de mon voyage d’autrefois au parfum d’un amour
Qui fleurira sans relâche à la belle saison sous la protection des arbres enchanteurs
Bénis par la nature comme un trésor inégalable sous forme d’un brin porte-bonheur.