À tous les salauds, les vrais et les beaux, je dédie ces vers.
Écoutez amis, ma voix le confie, je suis de vos pères.
Voyez le bandit, celui que je suis que j’étais hier,
Mais moins que demain, car il est certain que le temps dessert.
Malgré les remords, l’approche de la mort, les nombreux hivers,
On ne devient pas un saint ici-bas même après dix bières.
En témoignent tous ceux qui me savent odieux, sans bornes, ni barrières.
J’ai renié le ciel, ai craché mon fiel, ai tué bien des frères.
En témoigne aussi, s’il en est ainsi, le roi des enfers,
Mes sœurs endormies, en linceul de nuit, à l’ombre de la terre,
Ont fui dans l’oubli sans faire naître un bruit dans mon âme austère.
Si d’un air narquois, j’ai nié dans le froid le chagrin des mères,
Ce fut pour en rire en faisant du pire mon grand magistère.
J’ai commis des crimes que j’ai mis en rimes, mais pas pour vous plaire.
Il faut que l’on sache que si je rabâche c’est pour me défaire
D’images accrochées, à jamais fixées derrière mes paupières
De celles qui tourmentent tous ceux qui se mentent et nient leur misère.
Les salauds la nuit rêvent de leurs tueries de corps sans viscères,
De sang répandu, de filles aux seins nus pour toujours pubères.
Ce sont des fantômes aujourd'hui atomes qui torturés errent,
Hantent les songes glacés, chacune des pensées de leurs tortionnaires.