Dans la nuit bretonne,
Chaude comme celles de Rome,
Soudain le ciel tonne.
Libre, l’ondée résonne.
Nous sommes deux amants,
Jusqu’alors dormant,
Que Réveille le vent,
Dans le toit, sifflant.
L’air est électrique.
En fond, une rythmique
De Roxy Music ;
Moiteur acoustique.
Lents, nos corps s’animent,
Se frôlent, se subliment.
Prémices, pantomimes,
Frémissements intimes.
Caresses infinies,
Légères comme la pluie,
Nous aspirent sans bruit
De nos rêves amis.
Puis monte la chaleur
Assoupie du cœur.
Ta peau est douceur,
Je goûte sa saveur.
Ton mamelon durci
Sous ma dent frémit.
Son tout, j’englouti.
Tu te tends, gémis.
Toi, tu cherches ma bouche,
Des lèvres, tu la touches.
Alors, peu farouches,
Nos langues ivres s’abouchent.
Elles dansent et s’enroulent,
S’attirent, se refoulent,
Durcissent, font une houle ;
Limaces de mer saoules.
Ton piège à peau lisse,
Au haut de tes cuisses,
S’ouvre comme un calice.
Dans ton ventre, je glisse.
Nous voilà brasés
Comme or et acier,
Flottant dans les nuées
Où meurent les pensées.
Le temps se distend
Dans un long présent,
Inlassable courant
D’un soir flamboyant.
Déjà, tanguent nos corps
Comme font deux ressorts
Cambrés dans l’effort.
Bientôt, vient la mort.
L’éclat d’un éclair
Précède le tonnerre
Et nos cris de guerre
Submergent l’Univers.
Nous voilà tombant
Comme feuilles dans le vent
Epuisés, contents,
A jamais s’aimant.
Dans la nuit bretonne,
Deux amants frissonnent.
L’orage s’époumone.
Ting,ting, minuit sonne.