[i]Le villag' de mon enfanc'
Respirait bon l'innocenc'
Les ruisseaux et les ruell'
Le dessinaient en dentell'
Derrièr' son carreau, la vieill'
Se cachait mais en éveil
Pour à qui voulait l'entendr'
Raconter pour se détendr'.
Tous les jours de grands marchés,
A la terrass' du café
Les hommes prenaient le larg'
Laissant femm' en bavardag'
J'me souviens du vieux manèg',
Toujours vaillant sous la neig'
Qui tournait, tournait sans trèv'
Pour deux mômes et leurs rêv' !
Je me souviens du silenc',
Les jours de condoléanc'
Tout ce noir sous le soleil !
Tous les morts c'était pareil.
L'églis' est abandonnée
Et les rues sont désertées;
Ne restent plus que les vieux
Qui veull' pas quitter les lieux.
Le café un jour sur deux,
Rest' ouvert rien que pour eux
Mais demain c'est le villag'
On s'en fou c'est bien dommag'
Que 'on portera en terr'
Qui deviendra un cim'tiè' !
Ce n'est qu'un villag' de Franc'
Tout banal et sans fraganc'
A quoi bon se lamenter !
Les souvenirs sont passés !