S’endormir dans un grand lit au duvet de plume de nuit
Et se réveiller au matin en entendant la porte d’entrée
Sans un souvenir en tête des rêves qui sont passés.
Se lever, passer sa robe de chambre et se traîner jusqu’au pipi.
Allumer la télé, mettre la chaîne des dessins animés,
Puis traverser le salon et ouvrir la fenêtre
Pour griller sa première cigarette.
Se pencher au-dehors, regarder la rue déserte
Et voir au loin au-dessus des murs ternes
Les nuages qui s’amoncellent
Présageant un triste début de semaine.
Balancer son mégot d’une pichenette
Puis refermer avant d’observer d’un œil morne,
En tirant un coin de rideau,
le camion-poubelle qui s’arrête au-dessous
Et l’agitation qui se fait autour.
Gagner la cuisine, préparer le petit-déjeuner
En écoutant à la radio l’horoscope de la journée.
Puis retourner vers les chambres pour réveiller les enfants.
Autour de la table, comme ils ont tous un air boudeur,
On râle un peu pour les sortir de leur torpeur.
Mais comme le plus grand veut faire son homme,
On lui allonge une bonne torgnole
Histoire de rappeler qui est la patronne.
Ensuite, tout son petit monde s’agite et se prépare
Pendant que soi-même, on s’affale dans le divan
Le regard perdu dans un programme pour enfants
Avec devant soi sa première tasse de café.
« Bientôt huit heures les gosses ! Il va falloir y aller ! »
Et quand la maison se vide, on laisse échapper un profond soupir.
Éteindre le téléviseur, allumer la chaîne Hi-Fi
Et se mettre un vieux disque de Johnny.
« Quand tes cheveux s’étalent… pareils aux champs de blé… »
Se rendre dans la salle de bain, ignorer le linge sale entassé,
Ouvrir le robinet de la baignoire avant de voir dans un miroir
L’estompe d’un œil au beurre noir.
Puis prendre la direction des toilettes
Pour expédier tout aux oubliettes.
Papier froissé, chasse d’eau et retour à la cuisine.
Là, ouvrir le frigo, en sortir une bière
Sans tourner les yeux vers la vaisselle empilée.
Pschitt ! Puis se glisser dans son bain
En se disant que le reste attendra bien jusqu’à demain.
D.R.K