désir ce matin
de laisser venir
ces petits riens
qui me traversent
qui me transpercent
qui parfois me mènent
vers d'amers rivages
dans de douloureux sillages
laisser surgir
sans arranger
ce qui plane dans ma psyché
laisser m'éclabousser
le sang de pensées pas toujours avouables
dans la boue ramassées
brutalement torchées
ne pas les polir
les laisser me détruire
laisser monter
quelques vers inutiles
comme un cri
imposture de maux
cachés dans mes mots
laisser s'épancher
mon âme abîmée
au son d'un blues décadent
boîte de Pandore que mon esprit
qu'en sort-il sinon des cris
de rage de désespoir d'ennui
maux de l'humanité dans mon cerveau enfiévré
mais quand cela se tarit
quand mes doigts alanguis
cessent de s'agiter
sur le clavier
qu'ai-je renfermé
dans les replis de mon esprit:
amour joie espoir amitié
générosité entraide beauté gentillesse
tout cela est resté prisonnier
peut-être n'est-il pas trop tard...