Je me suis réveillée ce matin en pensant avoir oublié de pleurer mes tourments. Je me suis habillée comme si j’étais une clocharde. La distinction ne m’importe pas. Pourquoi se distinguer ? Pour qui ? Je me fous des regards. Le tien m’importait plus mais tu ne poseras plus jamais ton regard sur moi. J’ai peur que les gens s’aperçoivent ce que ça fait d’avoir mal, mal de toi… Tu ne sais pas que j’ai cru voir ton ombre au coin d’une rue. Tu te moques bien de savoir que j’ai cru entendre ta voix au détour des rayons d’un magasin. Alors, je marche, je me traîne, je roule ma bosse, je me précipite, j’trébuche un peu, j’saute par-dessus les flaques d’eau et je me crois chanceuse de pouvoir encore m’amuser, de trouver la pluie belle, les nuages qui brouillent le ciel bleu magnifiques, ma peine … un peu lavée par les gouttes de pluie qui trempent mes vêtements et me donnent la chair de poule. Puis, les larmes me sont venues. Elles ont troublé ma contemplation, ma méditation, les yeux rivés vers l’horizon soucieux. Il m’a fallu les balayer rapidement, je reprends forme inhumaine, traits parfaitement neutres, regard fixe et la journée peut commencer sans débordement.
Mignardise