"Mon ange,
Qu’est-ce que tu fous ? Aide-moi ! Pendant que toi, sale égoïste, tu fais bronzette grâce l’astre céleste sur lequel tu t’es posé, moi, je dois supporter les coups du sort. Alors ? Tu vas me laisser crever, subir encore et encore le fouet du destin ? Et si je crie, qu’est-ce que ça fait ? « La vie est belle à proportion qu’elle est féroce », je le remarque bien mais tu n’as pas le droit de m’abandonner. Tu ne me dois rien : seulement, ne vois-tu pas que j’ai trop mal ? Il y en a d'autres personnes qui ont mal comme moi mais j’en ai rien à foutre : c’est moi qui compte. Les aveugles, ils ont toujours la couleur par le toucher et les clochards ont la richesse du cœur. Qu’importe qui souffre, nul ne souffre plus que moi. Tu y crois, n’est-ce pas ? Est-ce que je suis rien pour toi, rien du tout au point que tu restes tout là-haut à te reposer tel le cadavre de mes ancêtres défunts ? Est-ce que tu as vu de ton royaume d’or et de marbre quand j’ai trop bu, quand mon cœur a vidé son désespoir, quand ma main a commis l’irréparable, quand Elle a claqué la porte, quand j’étais face contre terre ? Je ne suis pas à blâmer. J’ai juste mes péchés, mes petits délits, c’est pas si grave. Tout le monde en a et on en fait pas tout un plat. Allez, mon ange, fais-La revenir, Elle me manque ! Allez, je L’aime et Elle le sait que c’est vrai. Elle sait aussi qu’Elle m’aime : le pire, c’est qu’Elle voudrait le nier. J’m’en fous, s’il le faut, j’irais La chercher. Si tu ne bouges pas ton cul pour qu’Elle ramène sa fraise, ce sera pire. Tu verras par toi-même lorsque tu pointeras ta longue vue sur la Terre. Je t’en fais la promesse : j’aurais raison d’Elle et je finirais avec cette vie.
Ciao, ordure ! Bientôt, je te rejoindrais et j’te tuerais de mes mains. Je n’ai pas peur de l’enfer, alors je me ferais un plaisir d’en finir avec toi aussi."
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Mignardise