Une légère brise souffle sur nos visages. Nos cheveux flottent dans le vent. Tout est silencieux. Le seul bruit que l’on entend, ce sont les ronronnements de Chéri Bibi qui se frotte contre l’elfe. Quelle douceur. J’avais oublié ce sentiment de paix, de tranquillité depuis mon escapade avec le matou. Je ne suis plus du tout pressée à entendre ses explications. Je resterais bien volontiers encore un bon moment ainsi, l’esprit apaisé, le corps détendu, le sourire aux lèvres à me laisser bercer par les ronrons de plus en plus insistant de ce chat curieux à la faculté de s’exprimer dans notre langage…
- Je resterais bien aussi Erina tout près de vous, de toi. Malheureusement cela est impossible. Aurais-tu oublié que tu n’es pas de ce monde ? Chéri Bibi en t’entraînant dans cette aventure pensais bien faire car il s’ennuyait tout seul dans son coin. Il me ressemble sur ce point. Comme tous ceux qui vivent encore dans les mondes parallèles, il a cherché à attirer l’attention des humains car il en a besoin. C’est vital pour nous. Sans eux, nous n’existons plus. Nous sommes les survivants des mythes, des légendes, des contes, des histoires fantastiques, des poèmes…
Là, sont les pensées créatrices, dans les songes, les rêves des hommes ! Ô combien d’entre eux ne nous portent plus dans leur cœur ! C’est ainsi que mon peuple s’est volatilisé, comme tant d’autres. Et pour que nos mondes ne s’écroulent pas entièrement, nous avons décidé, nous les rescapés, de nous transformer en personnage des ténèbres. Ce sont les seuls qui vivent encore dans l’esprit des hommes, ils sont le reflet de leurs pensées négatives. Celles-ci ont envahi leur être, pas étonnant avec ce qu’il se passe sur la belle planète bleue…
Silk a enfermé le grand sorcier parce que le maître lui a ordonné de le faire. Il ne lui fera aucun mal. Au contraire, il le protège des créatures qui ne sont autres que les hommes avides de richesses, de pouvoir, capables de toutes les trahisons et crimes inimaginables pour arriver à leurs fins. Cela va du petit escroc au tueur sans scrupule. Tu m’en vois peiné pour toi, pour les tiens, Erina. Ils nous ont tout pris, tout ce qui pouvait rapporter des bénéfices pour grossir leurs comptes en banque, comme s’il n’y avait plus d’autres plaisirs sur terre. Ils sont même allés jusqu’à établir des cotes pour chaque catégorie de personnage dans le seul but de nous mettre en concurrence, de semer le trouble dans nos esprits, l’envie et la jalousie et bien sûr nous forcer à donner le meilleur de nous-mêmes pour rester en tête de liste. Être hors course signifie l’oubli, la solitude et la mort… Notre mort et la vôtre également, car rien dans tout l’univers ne fonctionne que dans un seul et unique sens. Toi, tout comme les tiens, plus que jamais vous avez besoin de nous, de vos rêves pour garder l’équilibre…
Il ne nous reste plus que quelques minutes Erina, et, si toi et moi, nous leur donnions pour le peu de temps qu’il nous reste, un instant de joie et de bonheur, un moment tout en amour.
Offrons-leurs du rêve !
Au premier regard posé sur toi, j’ai su. J’ai su que mon cœur ne battrait plus qu’au rythme du tien. J’aimerais ne plus te quitter des yeux. Et quand je les ferme, ils ne voient que toi. Que dirais-tu d’une histoire d’amour entre un elfe noir et une sorcière ? Tu sais ici tout est possible, alors…
Il se penche vers moi, prend mon visage dans ses mains. Je sens ses lèvres sur les miennes. Je ferme les yeux…
Je me sens soulever par une force inconnue. Est-ce l’amour ? Je redescends lentement, mes pieds touchent le sol. Le décor a changé. Je suis seule. L’ai-je rêvé ce baiser ou était-il réel ? Je pose mes doigts sur ma bouche et je sens encore sa présence…
Je cherche mon portable dans ma poche pour voir l'heure. Tiens une pierre roulée. Un cristal de roche ! Ô et mon collier ? Il est toujours là ou de nouveau là !
Treize minutes. Treize petites minutes se sont écoulées depuis ma rencontre avec le chat noir. Il me semble être partie une éternité. Je rentre chez moi. J’ai froid. Je vais me faire un bon café bien chaud et allumer le feu dans la cheminée. Ô un chat qui miaule au bout du chemin ! Au revoir Chéri Bibi merci pour cette belle aventure. Tu me manqueras… vraiment…
A ce soir…