Ursule
Ursule,
Est aussi forte qu’un bel hercule.
Dans le marais ses sœurs pullulent,
Vrombissent dans l’air comme des bidules
Et règnent ici en proconsuls
Sans jamais faire mine d’un recul.
Ursule,
Demoiselle aux yeux en globules,
Corps effilé comme une canule,
Cousine de mante à mandibules,
Sommeille quand pèse la canicule,
Tandis qu’éclatent les follicules.
Ursule,
Est la plus bleue des libellules.
Posée sur une blanche renoncule
Qui sous le vent danse et ondule,
En équilibre de funambule,
Lentement elle tangue et bascule.
Ursule,
A quatre grandes ailes qui s’articulent.
Elle prend son vol puis déambule
Et comme la faim son corps stimule,
Elle s’embarrasse peu de calculs
Et capture une bête minuscule.
Ursule,
La sent qui tire et gesticule,
Prise dans ses griffes de tarentule.
Elle se révolte puis capitule.
Alors, la belle aux ailes de tulle
Croque et dévore sans préambule.
Ursule,
Pour elle vient l’heure où se bousculent
Les sentiments en majuscule.
Voici qu’un mâle fougueux postule.
Ivres, ils s’unissent et deux virgules
Dessinent un cœur sans ventricule.
Ursule,
C’est au sommet d’un monticule
Qu’elle dépose ses milliers d’ovules.
Sa descendance, elle dissimule
Au creux d’une plante à pédoncule.
Son devenir est en capsules.
Ursule,
S’endort quand naît le crépuscule
Pendant qu’au bois les chouettes hululent,
Que sonne au loin une sotte pendule,
Ding dong étrange et ridicule
Pour gens rêveurs et somnambules.
DRK