Quelle légitimité a-t-on, nous les gribouilleurs, à dire une souffrance qui parfois est nôtre,
et parfois ne l'est pas?
Peut-on souffrir aussi d 'empathie?
Peut-on se sentir frappé, quand le poing ne nous était pas destiné?
Peut-on se sentir brûler
quand on est à l'abri des flammes ?
Peut-on se sentir perdu
quand on n' a pas encore mis les pieds sur le sentier?
Peut- on maudire la vie, quand on n'a pas vécu?
La mort d'une inconnue peut-elle ainsi nous bouleverser?
J'aurais voulu racheter une enfance volée, j'ai d'ailleurs tenté je m'y suis épuisée et j'ai abandonné...et après toutes ces années j'apprends que si toi tu t'en es tiré, l'histoire s'est dramatiquement répétée. Tous ceux qui auraient dû t'entourer ont tiré leur révérence, non sans avant t'avoir fait tant de mal par leur absence.
Que t'es-t-il resté? Et que te restes-t-il maintenant? Qu'es-tu capable de donner pour que l'histoire ne se répète pas? Comment vois-tu ce qui se passe autour de toi, comment panser chez d'autres les plaies qui chez toi ont mis si longtemps à cicatriser?
Comment peut-on croire à un dessein, une finalité, quand les cartes sont si mal distribuées...
Je voudrais juste un peu pleurer
Pour celle que je ne connaîtrais jamais,
qui a abandonné le combat,
qui a laissé son enfant,
l'a livrée
à ces même galères dont elle n'a su
s'échapper.
Celle qui n'a pu donner ce qu'elle n'avait pas reçu.
Je ne peux condamner, je voudrais juste un peu pleurer.
Est-ce une imposture,
que de donner ces quelques mots,
au vent à l'abîme et aux flots,
petites fleurs d'éternité,
les seules larmes
que je verserai jamais,
en hommage timide et secret ?
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