Jamais ils ne me traineront là-dedans, jamais ! Je la perdrais à nouveau, j'y perdrais tout ce qu'il me reste d'elle, je ne veux pas... Elle est encore là. Je la sens. Ce sont des parfums d'Orient, volutes d'amour et de passion, simples et légers. En rubans de soie, ils entourent ma peau et chacun de mes membres, de l'épaule au bout des doigts, de l'aine aux orteils, de la nuque à la pointe de mes cheveux. La rose d'abord.
Je l'effeuille délicatement. Sous un pétale, la pudeur. Un autre. L'envie. Encore un. L'amour. Encore. La passion. Le parfum. Je le sens, il vient, il monte, il vient ! C'est un geyser, un volcan, un tsunami, une tornade, plus rien ne le retient, il m'emporte, je viens, j'arrive, attendez-moi, je suis presque là ! Et la rose de m'attendre, de m'enivrer davantage à chaque bouffée d'air, d'air et d'amour, se fait une joie.
Ce n'est pas une odeur. C'est un parfum. Divine onction d'un sens que vous oseriez profaner en le lessivant ! N'avez-vous pas en tête les citronniers de votre enfance ? Au matin la rosée du jardin, ou le chien mouillé qui revient, haletant de sa première promenade, ou encore la terre tout juste retournée. Ou elle. Ou lui. Votre premier amour. Vos effluves, cette sueur fraîche dans votre dos et l'odeur moite du tissu qui colle tandis que vous feigniez l'indifférence. Vos souvenirs. A votre sourire aujourd'hui, vous n'en protesteriez pas moins : si c'était à refaire, on ne vous forcerait plus à prendre un bain !