Durant le trajet les enfants refusent de quitter la carapavane, ils préfèrent lire et inventer des histoires plutôt que de se quereller tout le long de la route avec des curieux qui disent n’importe quoi.
Au petit matin, le hérisson est très fatigué.
- Je grimpe jusqu’en haut de cette côte, dit-il, mais je ne pourrai pas aller plus loin !
Au sommet de la colline, papa découvre en contrebas un paysage charmant : une vallée où coule une rivière. Dans les jardins donnant sur le rivage se dressent des maisonnettes toutes plus originales les unes que les autres.
- C’est merveilleux, dit maman, comme la vie doit-être agréable ici ! Allons nous renseigner, il reste peut-être de la place pour nous !
Ils descendent la colline et vont frapper à toutes les portes.
Ils font la connaissance de Madame Taupe, elle habite une maison de terre et leur souhaite la bienvenue en leur offrant un pâté de fourmis.
Dans une maison-talus vit une famille de lapins. Les lapinots proposent immédiatement à Mamusette et Micmollet de jouer à saute-lapin.
Tout au bord de l’eau vit une famille de Ragondins.
- Vous avez eu raison de venir jusqu’ici, dit Monsieur Ragondin, il y a du terrain libre. Demain nous vous aiderons à vous installer. En attendant, nous avons un lit d’amis et c’est avec plaisir que nous vous offrons l’hospitalité.
Le lendemain, maman dessine le plan de la maison en tenant compte des avis de chacun.
Mamusette veut garder la carapace, c’est à partir de cette pièce centrale, qui deviendra un salon où la famille pourra se rassembler et parler tous les soirs, que la maison sera construite. Ce sera comme le cœur de la maison. Papa propose que pour accéder aux autres pièces il faudra des marches qui montent ou descendent. Il ne veut pas de portes.
- Où que l’on soit dans la maison on verra l’enfilade des pièces et la lumière passera et jouera avec les murs que nous allons peindre de couleurs éclatantes.
- Oh, ce sera beau ! dit Mamusette rêveuse.
Micmollet veut pouvoir courir tout autour de la maison et souhaite un ponton pour la pêche à la ligne.
- Et un plongeoir aussi ! rajoute Mimolette.
Maman souhaite un toit végétal où pousseront des fleurs, elle aimerait une clôture d’osier tressé autour du jardin,
mais papa n’aime pas l’idée de la clôture car il veut une maison ouverte en grand aux amis.
- Ouverte aussi aux méchants ; au renard, à la belette ? s’inquiète Mamusette.
- T’en fais pas sœurette, je suis un pro du tir aux noisettes, s’ils s’approchent ; « Pan ! », je les bombarde et ils décampent.
Dès que le plan est au point, papa Musaraigne se met au travail et avec l’aide des voisins, la plus jolie des petites maisons voit le jour sous l’arbre gardien de la vallée.
La construction terminée, les parents Musaraigne font venir leurs enfants.
- Comment voulez-vous appeler notre maison ? leur demandent-ils.
Les enfants savent épeler des mots plus tendres que des fleurs, sans hésitation et d’une même voix, ils répondent :
ABRICARAPACE
Ils éclatent de rire et partent pour une ronde ensoleillée tout autour de la maison.