...Comme je vais m'absenter pour quelques semaines, je vous offre cette petite histoire que je viens juste de finir. Je vous dit à bientôt, vos écrits me manqueront. Si j'en ai la possibilité, je ne manquerais pas de me connecter et de vous faire un petit coucou.
Dans un village reculé, l’aïeule de la communauté avait pour habitude de réunir autour d’elle tous les enfants afin de meubler les longues soirées d’hiver, en leur racontant des histoires.
Le cérémonial était toujours le même. Tandis que les bûches crépitaient dans la cheminée, elle s’installait dans son vieux fauteuil et ouvrait son vieux livre hors d’âge, à la couverture de cuir usée, devant une ribambelles d’enfants curieux. Leurs yeux pétillaient de curiosité et pas un mot ne sortait de leur bouche, tant que la vieille dame n’avait pas refermé son livre.
« Aujourd’hui, je vais vous conter l’histoire de Starck et de Schwach, deux frères jumeaux »…
Il y a bien longtemps, dans une contrée aux confins des mondes, peuplée de gens simples, habitués aux dures conditions ,vivait une petite communauté composée de bûcherons et de paysans. Une femme était courbée dans son champ quand, soudain, tel un coup de poignard, une douleur fulgurante la plia en deux. Elle se releva, elle savait que le moment était venu et s’en retourna dans sa petite maison. Allongée sur sa couche, aidée par les voisines, elle mit rapidement au monde un petit garçon vigoureux qui cria à plein poumons pour prévenir de son arrivée dans la vie. La mère était fière de ce fils que la nature lui avait donné. Mais, une nouvelle douleur lui déchira les entrailles et , quelle ne fut pas sa surprise de voir un deuxième garçon arriver. Celui-ci semblait bien chétif et elle se faisait déjà à l’idée qu’il ne survivrait pas.
Dans ces temps reculés où la mortalité infantile était très importante, on ne considérait un être comme vivant qu’après le première pleine lune qui suivait la délivrance.
C’est donc, peu de temps après, que toute la communauté se retrouva dans la clairière des prénoms où, seul le druide était habilité à reconnaître les enfants et à leur donner un nom pour la vie. Quand il vit arriver la mère avec ses deux fils, l’un si vigoureux et l’autre si chétif, il n’hésita pas longtemps. « Tu seras Starck et toi Schwach »
Au lever du jour toute la petite compagnie s’en retourna à sa vie de tous les jours. Le temps passa. Starck devenait de plus en plus fort, il était acclamé par toutes ces gens qui applaudissait en le voyant abattre les arbres les plus grands de la forêt. Schwach, se contentait de ramasser du mieux qu’il pouvait les bûches que son frère débitait.
Starck avait cette faculté de se relever toujours plus fort après les coups durs de la vie. Son frère, quant à lui, malgré ses efforts demeurait chétif et chaque épreuve si infime soit elle, semblait l’affaiblir davantage.
Starck brillait d’une aura extraordinaire. Avec le temps, Schwach semblait devenir transparent.
Un matin alors que le bûcheron travaillait, il s’aperçut que le tas de bûches de la veille n’avait pas bougé. Il appela son frère, sans obtenir de réponse. Une sensation de malaise s’empara de lui. Le cœur n’y était plus. Le soir il s’allongea sur sa couche et fit un rêve étrange. Il se revit dans la matrice de sa mère dévorant goulûment tout ce qui passait à sa portée, ne laissant son frère se nourrir qu’une fois que lui était repu. Il s’éveillât brusquement, en sueur. C’était comme une révélation. Si son frère s’était défendu, sans doute il ne serait pas aussi vigoureux. Finalement sa force, il l’avait puisé dans la faiblesse de son frère.
Le matin il partit à la recherche de son jumeau et, ce n’est que tard le soir qu’il le retrouvât, allongé dans une grotte plus faible que jamais. Celui-ci s’était réfugié là en attendant la mort qu’il était bien trop lâche pour se la donner lui-même. Starck supplia son frère de revenir, à quoi pouvait lui servir sa force, s’il n’était plus là. Ils avaient besoin l’un de l’autre.
Ils repartirent donc et à partir de ce jour, Starck regarda son frère d’un œil nouveau, il avait compris la leçon…
La veille femme refermât son livre en fixant un des enfants de son regard clair…
J’ai retrouvé ce vieux village. Toutes les maisons étaient vides mais, j’ai reconnu tout de suite la demeure de la vieille dame et n’ai pu m’empêcher d’y pénétrer. J’ai trouvé le vieux livre poussiéreux et me suis installée dans ce vieux fauteuil défoncé et, lorsque je l’ai ouvert, quelle ne fut pas ma surprise de n’y voir que des pages blanches. Je crois que cette vieille dame avait le don, telle Cassandre de voir le futur. Chaque histoire était unique et s’adressait à un enfant en particulier, un peu comme une leçon de ce que leur réservait leur avenir.
Je suis repartie en posant ce livre à l’endroit où je l’avais trouvé. Peut-être que d’autres enfants, devenus adultes se souviennent et reviendront en quête de leur passé et comprendront