Chapitre Dix-Neuf
Je sortis donc d'un pas décidé, résolue à parler à mon meilleur ami. Il n'était pas dans la chambre qu'il partageait avec les autres garçons et il n'était pas dans l'atelier de Cid. Je trouvai ce dernier en train de bidouiller une sorte de petit robot.
- Oh ! Bonjour ma belle ! s'exclama-t-il en me voyant. Comment te sens-tu ?
- Pas très bien. Où est Denko ?
- Denko ? Hum... Il est sorti, je crois.
Je hochai la tête et sortis de l'atelier. Je vis Denko, assis en tailleur non loin de là, la tête dans les mains. Je m'assis à côté de lui et posai une main sur son épaule. Il ne réagit pas.
- Denko... Je... Je comprends ta réaction, commençai-je. Je comprends que c'est dur et nouveau pour toi mais je suis sûre de mes sentiments. Je... Je crois que je l'ai toujours aimée mais je n'osai pas l'avouer, ni à moi ni aux autres et encore moins à toi.
Il tourna la tête et esquissa un bref sourire.
- Je sais que tu es sûre de tes sentiments. Je te connais depuis assez longtemps pour le savoir. C'est de lui dont je me méfie. Tu ne sais rien de lui.
- Je...
Je baissai les yeux. Il avait raison. Je ne savais rien de Grégory. Je ne savais pas d'où il venait, s'il avait une famille à qui il manquait, si Blaze avait réellement été son mentor ou non...
- Tu as raison, admis-je. Mais, je crois qu'il est sincère. Je le sens et je ne suis pas stupide. S'il n'était pas sincère, m'aurait-il offert un poème ?
Denko me regarda et arqua un sourcil.
- Quel poème ?
Je lui récitai alors les quatre vers qui constituaient ce petit poème qui m'avait secouée. Il hocha doucement la tête et entoura mes épaules de son bras.
- C'est vrai que j'ai du mal à admettre que maintenant, tu es grande et que tu peux te débrouiller sans moi.
- J'aurais toujours besoin de toi, Denko, dis-je en souriant doucement.
- Je cherche juste à te protéger. Un lien spécial nous unit, n'est-ce pas ?
Je regardai son visage hâlé.
- C'est vrai. Même le lien qui me relie à Grégory n'est pas aussi fort.
Il se releva. Une ombre voila son regard noisette.
- J'espère pour toi qu'il est aussi sincère que tu le dis.
Sur ces mots, il repartit en direction du domicile de Cid. Je restai assise, méditant les paroles de mon ami, laissant le soir tomber doucement et recouvrir d'obscurité la tranquille cité de Pontville.
- Oh mince ! m'écriai-je en me relevant.
Je me précipitai vers le panneau d'affichage et arrachai l'avis de recherche me concernant et celui de Denko. Quand j'en vis un troisième. Je le contemplai, médusée, avant de finalement le détacher et le fourrer dans ma sacoche. Je rentrai alors, bouleversée par la conversation que j'avais eue avec Denko et par la découverte que je venais de faire.
Cid était encore en train de bidouiller son robot. Je m'approchai de lui, désireuse de savoir à quoi servirait ce robot une fois terminé. En entendant ma question, Cid redressa la tête pour m'observer.
- Eh bien... Il nettoiera l'atelier à ma place. Quand je travaille – et ça peut durer des jours ! –, je ne vois pas les sacs poubelles qui s'accumulent et la poussière qui s'installe. Alors, j'ai décidé de créer un robot de ménage. Pas mal, hein ?
- C'est pratique, répondis-je en souriant. J'ai à parler à Grégory. Tu sais où il est ?
- Décidément, tu parles à tous les garçons aujourd'hui !
Je rougis.
- Oh, je te taquine ! Je crois que Grégory est sorti, lui aussi.
- Sorti ?
Je fronçai les sourcils. S'il était sorti, je l'aurais vu, puisque j'étais avec Denko juste devant l'atelier. Ou alors...
- Il t'a dit où il comptait se rendre ? demandai-je, légèrement paniquée.
Cid lâcha son robot et se frotta le menton.
- Hum... Je crois qu'il marmonnait le mot « ruines du Lett » quand il est sorti.
- « Ruines du Lett » ? Tu en es sûr ?
Cid hocha la tête. Si mes souvenirs sont bons, sous le Lett se trouvaient effectivement des Ruines. Des Ruines Yukes. Malheureusement, cette tribu a disparu il y a mille ans. Je ne compris pas ce que Grégory pourrait y faire. Ne tenant pas à prendre le train et sachant pas où trouver des Chocobos, je décidais de rester à Pontville et de l'attendre.