Egalité

L'océan de béton qui est mon horizon
M'enserre de son étau, telle la sombre prison
Où mon cœur purgerait une peine insensée,
Une erreur judiciaire commise par le Destin.
Je suis dans un cachot où viennent trépasser
Des hommes les espoirs et la foi en demain.

Connaissez-vous ces rues où l'on peut découvrir
Des enfants de dix ans venus vous demander
Si vous voulez payer ce qu'ils ont à offrir,
Un moyen de planer, une façon d'oublier
Qu'ici c'est un cachot où se cachent pour mourir
Des hommes les espoirs, l'envie de s'en sortir?

Avez-vous vous parcouru par une nuit d'hiver
Les ruelles trop sombres d'un quartier diffamé
Et senti cette peur venir vous enlacer
Dans la glacée lumière d'un pauvre réverbère
Éclairant ce cachot où ne peuvent que s'échouer
Des hommes les espoirs, la moindre volonté?

Avez-vous reconnu dans les yeux de ces filles
Trop souvent insultée, devenues des brindilles
Trop brisées par les hommes, l'agonie de l'espoir
Dans l’hideuse cité étant tel un mouroir
Ou plutôt un cachot ou viennent s'évanouir
Des femmes les espoirs, et jusqu'à leurs désirs?

Connaissez-vous ces bars ou sans cesse on peut voir
Les mêmes habitués accoudés au comptoir,
Qui a longueur de temps reconstruisent le monde
A grand renfort de pintes et d'incongrue faconde
En ce triste cachot où viennent s'enivrer
Des hommes les espoirs déjà trop imbibés?

Oseriez-vous marcher parmi tous ces pantins
Vous hurlant leur mal être en devenant méchant
A force d'être là sans avoir droit à rien
Sinon purger ainsi de leur peine le temps
Dans ce sombre cachot d'où s'enfuient en tremblant
Des hommes les espoirs, et les rires des enfants?

Avez-vous déjà vu des voitures de police
Venir violer la nuit en allant vérifier
Où donc naissent les cris au sons de pneus qui crissent ?
Est-ce donc une femme au mari trop bourré,
Plus loin dans ce cachot désirant engloutir
Des femmes les espoirs, condamner l’avenir?

Entendez-vous ces mots venus pour vous conter
La triste vérité sonnant comme des clichés
Bons pour le cinéma, et que je ne veux pas
Continuer à décrire, car cela n'aidera
Rien sinon ce cachot qui déjà bien trop leurre
Des hommes les espoirs en attisant leurs peurs?

Croiriez-vous qu’ici il y a de la joie
Il y a des sourires, il y a de la foi,
Et puis même des enfants et ils savent encore rire
Qu’ils n'ont en vérité que la peur en l'avenir
Leur semblant un cachot où finissent par s’enfuir
Des hommes les espoirs, et des femmes le sourire?

Savez-vous qu'on s'en sort bien souvent comme on peut,
A grand coup de délits, rien de très pernicieux,
Un peu pour bien manger, un peu pour oublier,
Beaucoup parce que l'on veut ceux que l'on aime aider
A fuir de ce cachot qui a déjà jugé
Des hommes les espoirs et les a ajournés?

Croyez-vous ces images qu'on vous montre parfois
Par ceux-là prétendant détenir à bon droit
Une ultime vérité par trop coercitive,
Des mises au pilori violemment agressive
Des enfants d'un cachot ne cessant de tromper
Des hommes les espoirs, aimant les humilier?

Pourriez-vous donc vraiment vivre dans cette peur
Qu'on vous dit quotidienne, qu'on nourrit de rancœurs
Qui sont bien trop réelles mais qu'on sait oublier
Parce qu'il faut se lever et qu'on veut avancer
Malgré même ce cachot continuant à subir
Des hommes les espoirs, la foi en l'avenir?

Oseriez-vous me dire que nous ne valons rien
Parce que nous sommes nés de ce côté du mur
Ayant trop séparé, humiliante fracture,
Le rose de votre monde, et puis vous savez bien,
Ce si triste cachot où se voient enfermés
Des hommes les espoirs et leur égalité?

Avez-vous déjà cru dans les yeux d’un enfant
Entrevoir un éclat insidieux vous disant
Qu'il était dangereux et qu'il fallait le fuir
Que c’était évident qu’il soit fait pour finir
Au sinistre cachot d'où ne transpire pas
Des hommes les espoirs et puis et cætera?

L'océan de béton qui est mon horizon
M'enserre de son étau, comme la sombre prison
Où mon cœur purgerait une peine insensée,
Une erreur judiciaire aux airs de destinée.
Je suis dans un cachot d'où je peine à décrire
Des hommes les espoirs, et des enfants le rire.

Une plume de Dehorian.

Poignant plaidoyer qu'il faut, bien sûr , prendre le temps de lire pour s'imprégner de la tristesse désespérée qui s'en dégage.

:00103:

Le désespoir d'un homme dans sa cruelle vérité.

Poète Messages : 2481 Date d'inscription : 10/11/2010

Une âme sensible à la détresse et misère qui l'entoure, mais qui du coup y perd espoir et foi...
Magnifiquement écrit, avec beaucoup d'émotions !
Bisou de coeur