Elle a posé un voile
Sur mon regard chagrin
Elle a flouté la toile
De mes autres matins
Elle a touché les flots
De ses mains de coton
Elle chante le ruisseau
Sous mon bateau prison
Elle court sur la rive
Trébuche sur mon passé
Elle pousse à la dérive
Le reste de mes pensées
Elle enfle en silence
Cerne mon corps de cire
De sa nuée condense
Mon cœur pour l’engloutir
Elle fige de ses doigts
Ma barque fragile
Elle éprouve ma foi
Pour mon droit d’asile
Elle se dresse en reine
Debout je me livre
Elle aspire ma peine
Si blanche de givre
Elle rompt son offense
Sur mes bras écartés
Elle devient intense
Je l’ai toujours aimée.
Et un son d’un clocher
Signe de vie, de terre
A l’aube l’a percé
D’une note claire.