Peine perdue…
J’essaie de retenir mon âme,
Flottant pauvre oriflamme
Sur sa bannière en lambeaux.
J'essaie de garder sage
Mes émois sur mon visage ;
Je musellerais bien ma conscience
Pour quelques instants de décence.
Peine perdue...
J’ai égaré ma peine
Dans quelque sombre benne,
Ordures pourrissantes
Dansant au vent de l'absence ;
Dans ses rafales puantes,
Je me dissous je m'éparpille,
Je tombe dans la faille
De mes gouffres intimes.
Je pleure et je défaille.
Peine perdue…
J’essaie de retenir mon âme
De rassembler les squames
Répandues dans mon cerveau.
J’essaie de taire les cris
Qui cognent aux parois de mon esprit ;
Je musellerais bien pour quelques heures
Le râle infâme du malheur.
Peine perdue…
Ma peine est immense,
Elle est chaos, lacs, océans…
Les murs ont été brisés
Dans lesquels je l’avais enfermée.
Elle m’a broyée ; infinie elle s’élance !
Je n’ai plus qu’une enveloppe de raison
Ruines de ce qui fut ma maison.
Peine perdue…