L’écorchée
C’est toujours le même soleil, flamboyant ce matin
L’azur des montagnes toujours dans le lointain
Toujours l’arbre tend ses branches au ciel
Toujours l’oiseau va déployant ses ailes
Sur son axe la terre tourne encore
Au bord de mes paupières les songes
Ont fini leur course folle
C’est toujours le même monde ivre de misère et de mort
Hanté par la folie la peur le doute et l’insomnie
Dans l’eau du lac les montagnes ont tremblé
Comme je tremble encore troublée de ton reflet
Je pensais voir la rivière revenir à sa source
Je pensais un matin éclaboussé d’étoiles
Je pensais que la lune folle aurait dévoré l’aube
Gardant la nuit captive et fauve
Je pensais que mon cœur avait battu tous ses coups
Que mon sang ne s’écoulerait plus
Je pensais que l’air qui m’oppressait
Jamais plus ne comprimerait ma poitrine
Et qu’au seuil de cette nuit-là
Je porterais visibles et déchirés mes émois
Dans l’eau du lac les montagnes ont tremblé
Comme je tremble encore troublée de ton reflet
Mais le jour a suivi l’aube
Et la nuit est bien loin
Mon cœur bat son rythme quotidien
Le sang repeint ma bouche de carmin
Je marche dans la foule
Hurlante à l’intérieur
Écorchée
Scène atroce à l’unique spectateur