La princesse était prisonnière d'un palais transparent, un palais de glace. Son fiancé distinguait sa frêle silhouette, au travers des vitres de glace. Le fiancé connaissait l'histoire des murailles de Jéricho, qui s'effondrèrent, au son des trompettes, mais, ici, cela semblait bien inutile, devant cette montagne de glace, étincelante et dure comme le diamant, qu'aucune chaleur ne pouvait faire fondre.

Un soir, (c'était, précisément, le soir de Noël), le fiancé, brûlant d'amour, écrivit quelques mots d'un poème dont nous ne savons rien, et vint se poster, le poème à la main, devant les murailles scintillantes, sous les derniers rayons du soleil couchant.

Un corbeau se posa près de lui et proposa son aide. Il prit, dans son bec, le poème et s'envola, en direction du palais. Il y avait une unique cheminée de glace, au sommet des toitures de glace. Comme le feu, au château, s'était éteint, il y jeta la missive qui virevolta dans la très haute cheminée et atterrit sur un lit de cendres refroidies.

Le roi venait d'ordonner à la princesse de rallumer le feu. Dans les cendres, elle trouva, intacte, la missive, la lut et son coeur s'emplit d'une joie rayonnante qui fit fondre vitres et murailles : le roi, sa cour, et la princesse se retrouvèrent, alors, dans un champ de neige, ouvert à tous les vents !

Depuis ce soir de Noël, la princesse et son fiancé vivent ensemble et, chaque jour, ils échangent, par écrit, quelques mots.