Les corps de givre, les silhouettes de glace,
Des marches grises, laissent pendre leurs échasses,
Des ombres blanches sont assises, se prélassent,
Attendent, passives, que le temps les efface.
Elles sont posées, captives, sous les grandes arches,
Le soleil scintille sur leurs peaux lisses et lasses.
Elles nient l’état liquide qui s’étale et tache,
Le béton qui s’imbibe de leurs vies, leurs traces.
C’est une ruche stérile, un essaim de glace,
Des peaux insensibles, des carcans de carcasses
Imputrescibles, le soleil les rend flasques,
Et le bleu du ciel leur enlève leur masque.
Passants assis, sous l’œil d’un avenir en flaques,
Qui guettent un signe, un messie, un miracle.
Droit sortis de l’asphalte où leurs âmes patraques
Restent engourdies, suspendues à des abaques,
Des corps immobiles, silhouettes de glace,
Nimbés de lumière, brillent de milles strass.
Tous leurs espoirs, ivres de millions d'hélas,
Leurs regards livides, pleurent le temps qui passe.
Des corps de givre, soumis aux lois de l’espace,
S’alignent dispersés sur les grandes terrasses.
Et, ils oublient que le salut est dans la masse,
Que la vie n’est belle que quand elle s’embrasse.
Allover 2011