Une nouvelle idée a germé dans ma tête. J'espère que vous aimez le fantastique, la féerie et le monde incroyable des pirates !
Lune
Chapitre Un
Il se rit des plaies, celui qui n'a jamais reçu de blessures! (Juliette paraît à une fenêtre) Mais doucement! Quelle lumière jaillit par cette fenêtre? Voilà l'Orient, et Juliette est le soleil! Lève-toi, belle aurore, et tue la lune jalouse, qui déjà languit et pâlit de douleur, parce que toi, sa prêtresse, tu es plus belle qu'elle-même! Ne sois plus sa prêtresse, puisqu'elle est jalouse de toi ; sa livrée de vestale est...- Leanne ! Où es-tu ?
- J'arrive maman...
Je reposai le livre que je lisais paisiblement dans la cour. Peu de gens dans le quartier où j'habitais savent lire. En fait, je suis la seule à savoir le faire et j'en suis bien heureuse. Grâce à un seul livre, je peux m'échapper de cette vie triste où je suis enfermée, confinée, toujours obligée de m'occuper de ma mère malade. Ce n'est pas que je n'aime pas ma mère. Bien au contraire, elle compte plus que tout au monde pour moi. Disons que ce n'est pas une vie pour moi, cette vie.
Je rentrai dans la petite ferme où nous vivions toutes les deux. Ce n'était pas bien grand mais amplement suffisant. Je saisis une cruche d'eau dans la cuisine et montai au premier étage. Lorsque ma mère m'appelait, c'était parce que sa cruche était vide. Elle consommait beaucoup d'eau depuis deux mois.
- Voici de l'eau, maman, dis-je en rentrant dans sa chambre.
- Oh, merci ma chérie... répondit-elle en tournant son visage pâle et squelettique vers moi.
Cela me faisait beaucoup de peine de la voir ainsi. Ma mère avait toujours été une bonne vivante, une de ces femmes que l'on invite volontiers à sa table, avec qui l'on rit sans penser aux conséquences. Elle me disait toujours de sortir un peu, de laisser tranquille les vaches et les autres animaux, dont elle pourrait elle-même s'occuper. Et je restais, aussi têtue que la mule qui vivait dans la cour.
Je déposai la carafe sur sa table de chevet et y mouillai un chiffon afin qu'elle puisse se rafraîchir. Ses mains osseuses cherchèrent désespérément le chiffon : elle avait chaud, beaucoup trop chaud.
- Veux-tu que j'ouvre la fenêtre ? demandai-je, me dirigeant déjà vers la-dite fenêtre.
- Non, non... murmura-t-elle. Je... La lumière...
- D'accord, d'accord. Repose-toi un peu, veux-tu ? lui ordonnai-je gentiment, portant le chiffon à son front.
J'examinai la couverture. Elle était trouée, mitée, déchirée et j'en passe et des meilleures. Elle serait plus utile à des pêcheurs en tant que filet qu'à une femme malade. La chaleur ambiante qui régnait dans la petite chambre m'oppressait. Je voulais sortir de la maison. Maintenant.
- Nous... n'avons plus de farine, déclarai-je. Je vais aller en acheter.
Ma mère ne réagit pas. Elle s'était déjà rendormie. Je souris doucement et sortis sur la pointe des pieds.
Une fois dans la rue sale, je pris la direction du port, des quartiers plus chics et plus riches. Je refusais d'acheter de la farine de mauvaise qualité puisque j'en utilisais dans tous mes plats ou presque. Je ne voulais pas que ma mère tombe encore plus malade, déjà qu'elle était plutôt mal en point... J'avançai tranquillement, sans voir les regards outrés des passants. Les femmes, affublées de robes ridiculement grosses et chargées de bijoux, se tenant au bras d'hommes élégants, bien que beaucoup trop raides, ne cessaient de me pointer du doigt. Des adolescentes traînant dans les beaux quartiers, en robe de toile grossière, chaussées de souliers usés, les cheveux négligemment lâchés et tombant sur les épaules, c'est vrai que cela paraissait assez choquant. Du moins, pour eux.
J'avais l'habitude de venir depuis très longtemps. Ma mère m'avait appris à les ignorer, ces hommes et ces femmes nés avec une cuillère en argent dans la bouche. Je n'avais pas eu cette chance, de naître riche, mais j'avais fait de ma condition de paysanne une vraie richesse intérieure. Encore une chose qui les choquerait. De toutes manières, j'avais reçu une bonne éducation de la part de mon père lorsque j'étais plus jeune, et j'étais persuadée qu'aucun de ces richards n'avaient lu ne serait-ce que
Les Voyages de Gulliver du grand Jonathan Swift ou encore la fameuse nouvelle
The Female Quixote de Charlotte Lennox. Cette impression ne fit que se renforcer au fil des années. Tous ce que savaient faire ces gens-là, c'était vous regarder de haut parce que leurs vêtements coûtaient plus cher, vous mépriser parce que vous ne possédiez pas un nom à particule ou encore rire de vous parce que votre bourse n'était que peu remplie. Voilà ces gens que l'on appelle les gens de la haute société. Si telle est la haute société, je préfère ne pas en être.