L’éclair
La nuit était chaude et nos corps bien trop las.
Sur la fraîche tomette rouge, sorti d’un débarras,
Nous avions jeté un vieux et gris matelas
Que nous avions recouvert ensuite d’un simple drap.
Dans le soir électrique et l’odeur de l’ozone,
Tu m’avais chevauché telle une belle amazone.
La tête balancée en longs mouvements monotones
Tu berçais tes seins lourds au rythme d’un saxophone.
Puis sur moi, tu étais retombée, frémissante,
Fiévreuse, dans un souffle rugueux et les lèvres tremblantes.
Soudain, par la fenêtre aux doubles persiennes branlantes,
Surgit un intense flash de lumière éclatante.
Le temps d’un instant, la pièce en devint toute blanche,
Comme émerveillée par la radieuse avalanche.
L’obscurité d’un coup n’en parut que plus franche
Avec dans l’air des points aux miroitements pervenche.
Le moment suivant, tu dormais blottie contre moi,
Tes cheveux, rivière dorée, coulaient sur mon bras.
Je pensais à tort, à jamais te garder là.
Tu ne fus qu’un éclair, un souvenir plein d’émoi.
DRK