Mouvement perpétuel, hébétude.
La douleur est une spirale qui étire sa course ou bien parfois précipite ses pas, la spirale s’affole, autour d’elle des yeux aveugles. Elle tourne sur ce qu’elle a été, sur ce qu’elle ne sera pas, elle tremble, tombe, le choc ramène la conscience.
La spirale accélère…
Le point d’hébétude repasse de plus en plus vite, étire sa course. La douleur précipite ses pas, féminine silhouette dont les talons hauts martèlent un sol inégal.
La spirale accélère…
Le point d’hébétude a vrillé la douleur, d’abondantes menstrues saignent d’humeurs morbides. Claquant dans la nuit, les pas d’une putain affairée tourbillonnent la pente et précipitent ses talons de gueuse vers l’abîme.
Hideuse boussole la spirale s’affole ; plus de jour plus de nuit plus de murs plus de sol, des mots sans cesse répétés évanouis sur eux même.
La spirale accélère…
La rupture tend les sens jusqu’au malaise, la vitesse confond les décors et les hommes rentrent dans les murs. Une folle tourne sur ce qu’elle a été, déchire ses chairs. Sous la coquille informe, dureté de pierre. Elle tremble tombe le choc la ramène à la conscience, où qu’elle soit la souffrance prend de la distance, des mots sans cesse répétés s’évanouissent sur eux-mêmes. La démente se relève jusqu’à ce qu’à glisser à nouveau, catin livrée au précipice.
La spirale accélère…
Il n’y a plus ni intérieur ni extérieur la rotation a tout brouillé, l’ivresse emporte les sens jusqu’à la nausée. Enfermée dans le manège des mensonges cancérisant ma vie, je voudrais rendre l’âme et tout gerber. Le cœur au bord des lèvres j’enfonce un doigt dans ma gorge, je vomis tous les non-dits, les infamies, les tromperies, l’odeur en est atroce de pourriture exhumée à l’air, elle me libère.
La spirale est cyclone. Dans son œil je suis sur la table d’opération et tiens le scalpel sous les néons : j’opère à vif et je vois la tumeur qui me priva de raison. Tout se remet à tourner à nouveau : je m’apprête à sauter.
Privée de sens et d’essence la spirale s’est effondrée. Sur le sol ferme je tangue encore.