Sous ta peau
D’insanes runes sont gravées sur tes os
Nul ne connaît plus cet alphabet
Car depuis longtemps est mort
Celui qui scarifia ton corps.
De ton âme naufragé
Tu sombres de ne pouvoir parler.
Des mots ont franchi tes lèvres
Or tu ne les entends pas.
Des mots s’esquissent sous tes doigts
Or tu ne les vois pas…
Des cris percent tes os
Inéluctable écho.
Tu sens autour de toi des fous
Ramasser les lettres vomies par ta bouche
Ils assemblent, tirant en tous les sens
L’anagramme de la démence.
Lorsqu’ils t’effleurent de leurs mains glacées
Tu aimerais pleurer leur message...
Mais nul ne peut briser le sarcophage
Où ton âme s’est cloitrée.
Tu saignes alors des phrases non ponctuées,
Brûlant tes rêves et tordant ta vie...
Tu craches vers le ciel la buée de tes peurs,
Sans jamais savoir si le sens délivré
Est celui de ton cœur.
Voudrais-tu briser au burin les pétroglyphes de tes mots
Gravés un jour sans anesthésie sous sa peau ?
Cogne sans remords, cherche la douleur !
D’un ongle ensanglanté gratte ta peau de pierre,
Enfin tu percevras la souffrance d’hier.
Dans l’entaille d’une veine,
S’anime alors ta peine.