Vous êtes loin de moi et, cependant, j’entame
un dialogue sans espoir avec votre âme,
à moins d’un miracle étonnant, je sais déjà
qu’à mes paroles le silence répondra.
Je n’ai jamais été qu’un pitre de banlieue,
quand je vivais sous la lumière de vos yeux,
mais je ne parlerai pas de tout ce qui fut,
de la banalité des choses, des refus.
Je dépeindrai une contrée imaginaire,
celle où nous aurions pu, l’un et l’autre, exister,
je dirai une chambre qui n’a jamais été,
un lit à baldaquin, près d’un fauteuil Voltaire.
La partie s’est perdue en un lieu indicible :
il est trop tard, pour moi, et seul reste rêver.
A ceux qui passeront par là, si c’est possible,
dire, en un long soupir, ce que j’aurais aimé.
extrait de Dialogue sans espoir Besançon/1975