Vous me demanderiez soudain « à quoi je pense »,
devinant les moments où je vous aime moins,
la gêne coulerait ses algues dans le silence
et de mon embarras vos yeux seraient témoins.
Et puis viendrait l’automne et puis une autre année,
(vos yeux sont d’un pays où j’ai vécu en songe),
l’éternité serait l’espace d’un baiser,
nos lèvres s’éloignant se dissoudront les mondes.
Il n’y a qu’un ailleurs, c’est celui d’un autre être,
et l’homme seul est à lui-même son tombeau,
l’univers ne s’entrouvre qu’à la double fenêtre
de deux yeux qui vous parlent sans user d’un seul mot.
L’univers ne s’atteint que dans une autre main
et il ne s’abolit que sur un autre corps,
où oublier tout ce qui nous est incertain,
ce monde où l’on est seul dans d’absurdes décors.
extrait de Dialogue sans espoir /Besançon/1975