La solitude est un hôtel d’où l’on entend
sonner l’église, dans une ville inconnue,
toutes les heures de la nuit, jusqu'à l’aube en-
fin qui est grise et rit de vous sans retenue.
Le jour se traîne en cet endroit. La neige a mis
sa féerie sur les trottoirs. Les gens se hâtent.
C’est un soir de Noël quand sont loin les amis :
on s’attarde avec sa valise en carton-pâte.
Je ne pourrai pas repenser à mon passé,
une fois respiré l’oubli, dans vos cheveux,
vous m’emmèneriez loin des pays angoissés
et je tairai la solitude en mes aveux.
Une « terra incognita » s’ouvre aux amants :
lors d’un baiser, la nuit, sous quelque réverbère,
les gouttes de la pluie seraient des diamants,
il semble que n’aura pas de fin le mystère.
extrait de Dialogue sans espoir /Besançon/1975