Octobre 2011. J'ai froid, la pluie tombe fort et le vent se déchaîne. Je suis comme prisonnière des éléments, qui m'empêchent de rentrer chez moi, au chaud, au coin de l'âtre. Mes chaussures sont trempés, on dirait des aquariums tant elles sont gorgées d'eau. Et mes vêtements... Ah, ne parlons pas de mes vêtements. Je ne suis plus qu'un chat mouillé, perdue dans les rues de la ville, cherchant un endroit où m'abriter. Soudain, je pense à ces gens qui n'ont pas de chez eux, qui devront trouver le sommeil, coincés entre la morsure du vent et le bruit de la pluie. Et je revois les mots qu'il m'a dit. Ces mots, capables de briser tous les cœurs. Une phrase a suffit pour me détruire.

Je
te
quitte.

Voilà pour quoi j'ai affronté le déluge. Je te quitte. Trois mots, trois syllabes. Et c'est tout. Je me souviens qu'hier encore nos photos inondaient ses murs, je me souviens son fond d'écran qui me rappelait tant de bons souvenirs à chaque fois. Et nos sorties, peu importe le lieu, je ne m'en souviens pas. Je revois juste nos petits fous rires nerveux, nos baisers volés et nos instants de sérieux vite rembarrés. Je revois son regard intense, ses bras protecteurs.

Je
te
quitte.

Ça arrive à tout le monde. Oui, c'est vrai, ça arrive à tout le monde. Mais tout le monde a mal à chaque fois, tout le monde pleure, crie, supplie. Tout le monde souffre. Je ne suis plus qu'un chaton mouillé, terrorisé, alors qu'hier encore, je ne craignais pas le monde qui m'entourait puisqu'il était là pour me défendre des malheurs de l'univers et des fous. J'étais sa fleur, sa rose comme il disait et il était mon ange, mon paradis. On était heureux, qu'a-t-il bien pu arriver entre hier et aujourd'hui ? L'aurais-je trop aimé ? Ou aurait-il peur de notre histoire ?

Je
te
quitte.

Je sens la pluie qui coule sur mon visage, dans mon cou, mais est-ce vraiment de la pluie ? Ne seraient-ce pas plutôt des larmes, amères, salées ? Des larmes de douleur autant que d'incompréhension, des larmes froides et glacées. A-t-on idée de rendre aussi malheureux les gens qu'on aime ? Il a donc tiré un trait, définitif, indélébile, sur ce qu'on a vécu, sur les dos d'âne qu'on a contournés et sur les ponts fragiles qu'on a traversés. Sur les châteaux de cartes qu'on a bâtis et sur les Everests qu'on a gravis. Il ne se remémore donc pas les instants de bonheur qu'on volait à la vie, les mots. Ces mots précieux. Ces mots d'amour. Ces mots perdus.

Je
t'aime
toujours.