Je ne vous ai offert aucune pierrerie,
mais ces vers, seulement, que mon cœur a tissés :
dans leurs lueurs éparses passe un peu de ma vie,
un peu de désespoir a failli les noyer.
J’ai tenté de chanter votre âme, à ma manière :
votre âme est un jardin, hanté par la lumière,
c’est une Alpe changeante, à l’heure de l’étiage,
c’est la Saint-Jean d’été, au milieu du village.
Votre âme est le cristal d’une roche lointaine,
elle est d’une contrée jadis intraversée,
elle est d’une Hongrie, spatiale, intemporelle,
qu’aucun vil promeneur ne pourra visiter.
Votre âme est un bouquet flamboyant de lilas :
c’est la tombée du soir, quand les gestes sont las,
c’est la musique douce, et les mots mesurés,
votre âme est le parvis où je nais à aimer.
extrait de Dialogue sans espoir /Besançon/1975