Vous avez décidé de mettre l’éteignoir
à vos vies. Il y a dix ans juste, ce soir.
Vous vous êtes perdus dans la forêt des jours,
et si je vous appelle, rien ne vient en retour.
Bien du vent est passé dans les cheveux des femmes :
je suis toujours aussi vulnérable de l’âme.
Le général De Gaulle est mort, et Picasso
ne tiendra plus, avant longtemps, aucun pinceau.
Il y eut une révolution en 68 :
j’étais soldat dans un village germanique.
A part çà, vous savez, peu de choses ont changé :
la Terre et le Soleil n’ont toujours pas bougé.
Les arbres de Septembre ont de belles couleurs,
Plus rien ne semble se souvenir de vos malheurs,
sinon moi-même qui pense à vous, avec tendresse,
et vous écris, sans même savoir votre adresse.
extrait de La vie croisée /Nancy/1979