Des vives et des soupirs


nous sommes noirs au monde
qu’un tourment blanc traverse
et l’or des salamandres
migre vers l’ eau
des regards saturés

nous habillons les peaux de nos âmes
du feu même dont elles émanent
et le plasma de nos cœurs
éclaire le fruit de la vie
— nous l’emmaillotons
de pulpeuses attentions —

le corps — lui — déroule ses bandelettes
et dans sa nudité révélée
bascule en mode yin sa pudeur

les amours se ramassent comme des papillons
au filet des sentiments déchirés
— gris perlé — un butterfly désarmé
suture les mailles de l’arbre à l’une
et transforme sa prison
en corne d’abondance

nous marchons contre la rumeur
dans une nacelle pleine de soupirs
et nos rires se font vives
à fleur de sable fluant


.

Il y a longtemps que je n'ai rien posté. Je vous envoie ce poème, trop frais pour que je le juge moi-même.

Etrange apparition d'un emprunt à la langue de Shakespeare, et ce mot anglais est , par analogie, associé à la tendresse...
Cela n'enlève rien au charme aérien du poème.
" Nous sommes noirs au monde", cela me parle, au sens épidermique du terme...

Ce "nous sommes noirs au monde" ne doit pas être pris dans ce sens... d'ailleurs le début du poème est une intuition venue de nuit, alors je lui fais confiance, son sens est très profond.
Là il y a inversion des perceptions entre le corps et l'âme... dans le but d'alléger le corps, il est sombre comme l'est l'âme lorsqu'elle est dans sa nuit... toujours le corps exprime la couleur de nos pensées, quand elles s'installent dans la durée.
J'espère bien que tu l'auras compris, Serial !

Je vais remplacer l'apposition tendre par une couleur. Merci. J'avais bien l'impression que ça n'allait pas, mais je n'ai pas eu, à l'heure tardive de l'envoi, le courage de chercher plus loin.

Je le trouve beau ton poème et comme tu l'expliques si bien pour l'inversion des perceptions, les images poétiques sont superbement mis en scène. Bravo !

Je lis en ayant vu ton explication et j'aime cet écrit profond de vérité.

Un magnifique travail de couture avec des mots choisis . J'ai eu le sentiment de m'engouffrer dans une ruelle sinueuse. Grand bravo !

Un magnifique travail de couture avec des mots choisis . J'ai eu le sentiment de m'engouffrer dans une ruelle sinueuse. Grand bravo !

Un questionnement de mise, et qui peut n'engendrer que soupir, hélas - De belles images pour l'exprimer.
Certaines plus difficiles, mais avec de la réflexion, j'ai décodé (sourire)
Merci

Il y a longtemps que je ne t'avais pas lue...baba paresseuse ou ignare, je ne cherche pas à décoder mais me laisse emporter par l'étrangeté et la beauté de tes images...et souvent, même si la nuit s'invite, j'y trouve l'apaisement. Tu as une écriture épurée, et mystérieuse, qui m'est étrangère, fascinante altérité ; et c'est ce que j'aime dans tes vers.