Que fait la baba
Quand je ne suis pas là ?
Allongée dans l’ombre coupante,
Harcelée et démente,
Je l’observe et je me tais,
Je la vois ricaner…
Elle est à quatre pattes,
Elle est louve, elle est chatte
Ouverte sous le vent,
Elle baise avec le temps
Elle hume sa noirceur
Se vautre avec bonheur,
Elle déploie sur son corps
Les mille mains de la mort…
Que fait donc la baba,
Quand je ne la regarde pas ?
Ses cavaliers chevauchent
Une aube sans pareille,
Creusant l’abîme de longs sanglots vermeils
Lorsque la nuit refuse d’accoucher
Un autre jour sans intérêt
Voici mon jour,
Voici ma nuit,
C’est tout ce qu’elle me dit,
Quand ses mains orgueilleuses
Caressent ma peau ténébreuse
Que veut la baba
Lorsque je n’existe pas ?
Effrayée je la fuis,
Je la veux je la vis,
Je viens m’engloutir à nouveau
Dans le piège de l’eau,
Régression permanente,
Je m’offre à la tourmente
Forte et fière elle s’élève
Quand je me soumets aux ordres sévères
De mon ego ravagé
De mon esprit rongé
Dans son monde glauque je suis nue
Absurde, je ne lutte plus,
Je ne peux que pleurer
Fuite lâche effondrement ; fragilité.
Que crie donc la baba de sa voix de mégère
Lorsque je ne peux plus me taire ?
Elle cogne elle est colère,
Elle frappe d’ironie elle est dure
Elle emboutit les murs
Sa main tient les forceps
Prétendant délivrer ma détresse ….
Je ne réclame pas la douceur
Ou la patience ou la pudeur,
J’abomine que l’on me plaigne
Moi je veux même qu’elle me saigne
Je me jette brutale,
Je veux gerber le mal
Et la violence qui vient
M’effraie alors bien moins
Que perdre la maîtrise,
Que l’intime traîtrise.