Evelyne* Poète
Messages : 414 Date d'inscription : 01/04/2013 Localisation : En rêve
| Sujet: Les Premières Vacances Comme Une Grande -Episode 1/3 Ven 12 Avr - 13:24 | |
| Les Premières Vacances Comme Une Grande. Une petite anecdote pour ceux qui ont toujours vingt ans dans leur tête. Dans un temps…Pas si lointain, après tout, une jeune fille d’à peine 16 ans, qui, comme beaucoup, dès qu’elles atteignent cet âge, aspirent d’aller, en vacances, au soleil. Ah oui,… mais cette fois là, comme une grande, qu’elle était convaincue d’être devenue alors !
Après, une opposition franche de ses parents, suivie de pourparlers, fut obtenue la permission d’aller sur la côte. Oui d’accord ! A condition qu’elle fut accompagnée de chaperons. Le choix fut arrêté sur une petite maison, que des amis connaissaient. Ah, la constance des parents ! Ainsi, cela les assurait d’avoir en quelque sorte, un certain contrôle. Vous avez du expérimenter ce genre de situation. Et c’est ainsi qu’elles se sont retrouvées dans une petite villa, sur la route d’Antibes, à la station très frénétique de Juan Les Pins. Ceci, en comité de cinq demoiselles : La jeune fille, Audrey, les deux grandes sœurs, Hannah -21 ans, et Judith -19 ans, accompagnées de deux amies, Christine -18 ans et Rolande -20 ans. Imaginez, la fine équipe ! Heureusement, tout ce petit monde s’entendait et s’appréciait. Oui ! Parce que… heu, juste un Conseil : - ne partez jamais ainsi, seulement entre femmes ! Qui ne sait, combien elles peuvent être chipies ! Encore, à cette époque, il subsistait un certain code d’honneur entre amies. Il n’existe plus aujourd’hui !
Revenons vers le petit groupe de ces demoiselles. En premier lieu, elles furent agréablement surprises par la villa. Il s’y trouvait de nombreuses pièces, bien plus qu’elles ne pouvaient en occuper – Dommage pourtant pour les commodités sanitaires, une seule salle de bain et heureusement les toilettes à part. Sinon bonjour les files d’attente aux heures les plus bousculées (coquetterie oblige) ! Le salon vaste était prolongé d’une immense véranda très fleurie. Il s’y trouvait même, tout autour, entremêlé dans le grillage, du raisin en abondance. Il aurait suffit de tendre le bras pour se servir. Mais les grappes devaient mûrir encore. Dans le jardin, un verger rempli de fruits et légumes de saison, des coloris appétissants et divers. Elles n’avaient pas eu l’audace de se servir. Mais les propriétaires eurent l’exquise délicatesse, de venir tous les matins, bien avant leur réveil, en cueillir, afin de leur remplir un immense panier de toutes ces primeurs. Direct, du producteur au consommateur ; l’expression ici, était tout à fait appropriée. D’accord, la plage n’était pas, à proximité immédiate. Il fallait marcher, toute en descente, sur presque deux kilomètres -toujours tout droit- pour se retrouver à la mer, et directement sur le centre le plus animé et festif de cette station balnéaire. A cet âge là, un inconvénient léger !!
Les habitudes, les repères et repaires furent vite adoptés. De sorte, qu’ elles retrouvaient toujours le même petit coin de plage, les mêmes buvettes, la même crêperie etc.…. en conséquence, et c’est souvent ainsi que cela se passe, elles eurent vite fait de remarquer pratiquement, les mêmes estivants. Parmi eux : - une bande un peu similaire à la leur. A la différence, mais pas des moindres, qu’ils ne s’y trouvaient que des jeunes hommes.
Comme avances, mine de rien : - des sourires esquissés, des regards entendus quand ils faisaient les malins, des défenses hardies contre des ballons intempestifs arrivant sur elles. Bref, ils finirent par rapprocher leurs serviettes et les deux blocs inévitablement devinrent de façon implicite, un groupe amical. Inutile qu’ils se donnent rendez-vous, ils connaissaient les horaires, où ils pouvaient se rallier, ici ou là……D’autant, plus, qu’il se dessinait déjà, des prémices, entre Christine et Daniel, mais rien encore n’était proclamé . Cela ne fut pas long à arriver. En vacances, quand on est jeune, il ne faut pas perdre de temps ! Cette amourette scella donc une union de fait, et une franche camaraderie pour les autres. Du moins pendant quelques temps.
Un jour en arrivant de très bonheur sur la plage, Elles en avaient fait le pari, parce qu’elles perdaient un peu de ces délicieuses heures ensoleillées, en grasses matinées ; Elles remarquèrent de très jeunes gens, entre 15/16 ans, recroquevillés sur un coin de la plage. Manifestement, ils y avaient passé la nuit. Elles avaient dans leurs mains du café chaud et des croissants, qu’elles avaient pris à la buvette, en passant. Après un regard échangé, elles se décidèrent, à rejoindre, spontanément les adolescents et leur proposèrent, leurs petits déjeuners. Elles apprirent, qu’ils s’étaient querellés avec les compères qui devaient les loger tout le restant du mois. Ils se retrouvaient, maintenant, sans abris, et pratiquement pas de ressources.
Elles allaient se précipiter et leur proposer immédiatement l’hospitalité. C’est vrai, dans la villa, il y avait encore deux chambres inoccupées, mais tout de même ! De jeunes inconnus ? Les aînées partirent d’abord, un peu plus loin, en conciliabule, en laissant Audrey avec Christine. La décision prise, elles regardèrent les plus jeunes qui se doutant ce qu’elles avaient décidé, acquiescèrent. Ils furent donc pour ainsi dire adoptés – et ce n’était pas sans quelques sacrifices. Tout le monde le sait, les filles entre elles se baladent d’une pièce à l’autre à moitié nues. Ce qui donne une aisance délicieuse. Dorénavant, il fallait faire attention et avoir un peu plus de retenue et de pudeur….Oui…Une certaine abnégation. Quelle grandeur d’âme !
Enfin leur bonté fut récompensée. Il se révéla que les deux adolescents étaient charmants et ne savaient que faire pour se rendre utiles. Même que l’un des deux savait admirablement faire le brushing. Euréka, à cette époque, cela valait de l’or ! Il n’était pas question d’être en sortie, avec la moindre frisure, en ce temps là ! Rolande et Judith n’avaient plus à se payer le coiffeur – ce qui coûtait déjà cher, mais en plus imaginez… Lorsqu’elles revenaient, qu’elles avaient escaladé cette longue pente, Judith, n’avait plus le brushing très frais, à force d’avoir transpiré. Mais attention, personne ne se serait avisé à le lui dire. Elle n’aurait plus bougé de la villa ! Le deuxième par contre se faisait un plaisir d’éplucher et de cuisiner de savoureux petits plats. Oh ne croyez pas qu’elles ont voulu en profiter, mais ils insistaient tellement ! Elles les ont exploités ? Vous pensez ?....mais non !
Ce soir là, ils étaient tous attablés dans la crêperie, se rafraîchissant, à l’heure où le crépuscule consent du répit et où il faisait bon prolonger la splendide journée qui allait s’achever. Les discussions allaient bon train. Un brouhaha joyeux et d’autant plus intense, qu’il émanait d’une petite place au croisement de quelques minuscules ruelles, où se trouvaient concentrés plusieurs refuges du même genre. Et, tout ce petit monde s’interpellait, d’un endroit à l’autre, sans aucune gêne !
David, qui faisait partie de la « bande des garçons » comme à son habitude se faisait remarquer. Il agaçait Audrey qui le trouvait hâbleur. Pour faire rire la galerie, il était prêt à toutes les blagues. Un véritable camelot finalement, qui vendait bien sa personne, tant il obtenait ce qu’il recherchait. A savoir : l’attention et l’intérêt amusé de la jeunesse autour de lui.
- Ce n’est vraiment pas mon genre se disait Audrey.
En effet, son imaginaire à elle était plutôt rempli de héros émanant de légendes. Les chevaliers du Roi Arthur ou Ivanhoé, étaient plus près de son idéal que ce jeune homme, pas très grand. D’accord, la forme de ses tee-shirts, l’avantageait. Elle se demandait d’ailleurs où il avait pu les trouver, tant ils lui paraissaient inhabituels. D’accord aussi, il était parfois drôle, concédait-elle, en son for intérieur. Mais tout de même, pour elle, il était catalogué, c’était un clown. Un clown sympathique soit ! Mais un clown tout simplement ! Pas de quoi faire rêver une jeune fille comme elle.
Pourquoi donc précisément, ce soir là, recherchait-il comme un acquiescement, à chacune de ses bouffonneries, en la regardant ? Mais… ! Comme il l’agaçait, avec ce petit jeu ! Depuis les quelques jours qu’ils se connaissaient à travers le groupe, il devait avoir compris ce qu’elle pensait de lui, enfin ! Son appréhension n’était pas vaine, mais elle n’aurait pas pensé un instant, non pas un seul instant, qu’il allait avoir le culot de fondre directement sur sa table, se pencher sur elle, et lui dire tout de go – alors qu’il était aisé à tous de l’entendre :
- Veux tu être ma petite amie ?
Elle n’en revenait pas de tant d’effronterie ! Elle le savait audacieux – d’ailleurs, çà l’irritait - mais à ce point, vraiment ! Évidemment, il a obtenu ce qu’il cherchait. Toujours, faire rire, tout le monde.Et ici à ses dépens ! Oh toi, se dit-elle, tu vas le payer ! Elle aurait pu le rejeter tout net, mais elle eut l’idée, qu’elle trouva merveilleuse, sur le moment, de lui dire :
- Cela dépend de Judith, demande à Judith !
En fait Judith, n’était pas l’aînée, mais de toute façon, il n’était pas question, qu’elle mette « sa destinée » entre les mains de ses sœurs. Elle s’estimait assez grande. C’était juste la parade pour le décontenancer. Judith connaissant Audrey, parfaitement, comprit sa sœur et saisissant la balle au bond rétorqua :
- Ah mais moi, je ne peux décider, L’aînée, c’est Hannah, demandes donc à Hannah !
Il n’empêche, les rieurs continuaient de plus belle, mais cette fois ci, David en était la victime….Il fut un peu décontenancé. Mais force est de reconnaître, que ces fier-à-bras sont entraînés et qu’ils savent rebondir….Il répliqua donc comme un acteur récitant une tirade :
- Mais combien de membres de la famille sont présents ? S’il le faut, je saurais tous les convaincre !
Sur la petite place, cela devint un jeu, et chacun de sa petite suggestion y allait. Ce qui mettait Audrey sur des charbons ardents. Elle n’appréciait, pas vraiment cette sollicitude générale pour ce qui la concernait. Et ce David, maintenant, elle le haïssait!
- Il faudrait tirer à pile ou face !
Entendit-elle, sans réaliser, sur l’instant, que l’on parlait bien d’elle et de l’autre phénomène. Elle était complètement débordée. Bien ! Elle n’allait pas se dégonfler, ce n’était plus possible, tout était en train de s’organiser pour qu’effectivement, le sort en décide. Donc il valait mieux, pour ne pas perdre la face, faire celle qui comprenait l’humour et s’y associer. Ce serait « pile », elle devrait, selon ce rassemblement devenir la petite amie de ce frimeur.
David, en possession d’une pièce allait la jeter en l’air, au milieu de toute cette foule, sortie de son antre. Audrey se trouvait avec lui au centre, tel un enjeu ! Enfiévrée, mais intérieurement, elle trépignait de ressentiment. Cependant que faire ? Elle s’approchât du méprisable garçon qui avait trouvé son public, et elle Lui chuchota à l’oreille :
- Allez fais nous pile !
Elle n’en revenait pas elle-même de ce qu’elle venait de lui dire. Mais enfin, elle était folle ! Elle devint cramoisie. Et que pensez vous que ce type ait fait ? Croyez vous qu’il eut la délicatesse d’être content et de se taire ? Non ! Il prit tout le monde à témoin :
- Oh… elle m’a dit de tirer pile !
Ah il était à son affaire. Sale mec ! Il avait son auditoire acquis à sa cause ! Il fallait à tout prix qu’Audrey se sorte de cette embuscade…
- Ce n’est plus la peine ! Arrêtez, le jeu est fini ! Il a plongé dans le piège !
Dit-elle, telle une actrice déclamant (décidément, on se prend vite au jeu) Et aux demandes, elle répondit à tous, le menton haut, et la superbe revenue :
- mais oui, il a plongé ! J’ai voulu voir si c’était un gentleman, et il est tombé dans le piège. Vous parlez d’un chevalier servant !!
Chevalier servant ? La foule, la regardait, et se demandait quel langage elle tenait et de quel siècle elle arrivait, et c’est Judith qui donna la dernière explication, avant que les gens ne se dispersent :
- Oui, elle a l’habitude de lire, des « trucs » !
Il n’empêche, grâce à ces « trucs » là, Audrey, a eu le dernier mot, déjà à cette occasion, et plus tard, dans la vie. Se rattacher à des légendes l’a bien aidée…..
suite….
Dernière édition par Evelyne* le Jeu 18 Avr - 17:02, édité 1 fois |
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