Karoloth
Poète
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 | | Sujet: Le crayon (17)__et fin :) Sam 27 Avr - 18:46 | |
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____________________Le crayon_____(17)___et fin 
Une larme roula sur sa joue. Oriane baissa les yeux. La confession de sa mère lui perçait le cœur. Pourtant, malgré ce que pouvait penser Julie, elle n’était pas la cause de son revirement. Elle n’avait été qu’un outil, un support manœuvré par une force supérieure. C’est le crayon qui était à l’origine de tout, lui qui avait tracé chaque ligne, comme doté d’une volonté propre, qui avait percé à jour la harpie dissimulée derrière le masque. Oriane aurait voulu à ce moment dire tout de la vérité à sa mère, mais elle savait qu’elle ne serait pas crue, que cette histoire abracadabrante de crayon ne pouvait qu’inquiéter Julie sur la santé mentale de sa fille. Aussi, Oriane préféra se taire et retourner à ses occupations après avoir simplement opiné du chef en esquissant un sourire triste. Elle était à la moitié du couloir quand elle entendit son prénom dans son dos. Elle se retourna et vit sa mère qui avait fait quelques pas vers elle. « — Oriane, tu me donneras ton dessin ? » — « — bien sûr maman, bien sûr ! »
Un peu plus tard se déroula à peu près la même scène, avec son père cette fois-ci et dans sa chambre. Évidemment, ce ne furent pas les mêmes mots qui furent prononcés, ce ne fut pas non plus la même contrition qui fut exprimée. Mais à la fin, cela revenait un peu au même. Son père lui demandait d’excuser la conduite qu'il avait tenue jusqu’alors et promettait de devenir un autre homme. Puis lui aussi réclama son portrait lorsqu’il eut fini de s’autoflageller.
Après cela, la vie ne fut plus la même dans la maison. Nathan avait placé les portraits sous verre dans un cadre et il avait accroché ces cadres au mur de leur chambre à côté de la coiffeuse au miroir imparfait. Ainsi, chaque matin, au moment de prendre soin d’eux, les parents pouvaient se rappeler leur promesse et se souvenir de ce qu’il ne voulait plus être.
Oriane, pour sa part, réalisa bientôt qu’elle possédait un grand pouvoir par la grâce de son crayon enchanté. Un pouvoir qui n’était peut-être pas suffisant pour changer le monde, mais qui lui donnait la possibilité d’influer sur le comportement des êtres, celui de ceux qui lui étaient proches, cela était entendu, et aussi sur celui d’autres personnes qu’elles connaissaient moins bien. C’est à partir de ce moment que certains de ces voisins de son immeuble et de sa rue commencèrent à recevoir par lettres d’origine anonyme d’étranges représentations d’eux-mêmes. Et quand Oriane eut repris les cours, quelques-uns des professeurs de son nouveau lycée trouvèrent à leur tour un de ces étranges dessins qui leur était destiné dans leur boîte à lettres ou sur le bureau de la classe au moment de commencer un cours. Oriane aimait cet instant. Lorsque le professeur posait les yeux sur le bureau après avoir grogné pour que s’installe le silence dans la classe et avoir posé sa serviette sur son siège. Chaque fois, c’était un spectacle fascinant dont seule elle goûtait la singularité. Les autres élèves ne voyaient rien ; d’une part, ils étaient trop occupés à déballer leurs affaires ou à discuter avec leur voisin, ou à faire les deux à la fois, pour s’intéresser à quoi que ce soit, et d’autre part, les changements de comportement du professeur étaient peu perceptibles pour des individus non avertis, sinon ils auraient pu constater une raideur soudaine du corps, observer une grimace nerveuse, surprendre une lueur de panique s’ils avaient eu l’œil expert. Il arrivait de temps à autre que le professeur en question lève la tête et qu'il cherche l’auteur de sa mise à nu dans l’assemblée avec un œil effaré avant de ranger délicatement le dessin dans une pochette ou de le glisser entre les pages d’un livre, sans prononcer un mot dessus évidemment. Bien entendu, il ne croisait jamais le regard d’Oriane. Intuitivement, elle savait qu’elle devait rester en retrait et ne pas dévoiler son secret.
Parfois, il lui arrivait aussi de croquer un élève, surtout s’il était particulièrement snob et méprisant, ou s’il faisait preuve d’une agressivité injustifiée et continuelle envers les autres. Le remède était radical et chacun le vérifiait. Cela alimentait les conversations. « — Tu as vu comme “Machin” (ou “Machine”) a changé ? »
Voilà où en était Oriane aux dernières nouvelles. Depuis le jour mémorable de sa rencontre avec le crayon, combien a-t-elle dessiné de portraits, se demanderont certains ? Elle-même ne saurait le dire avec certitude. Plus de cent en tout cas ! Beaucoup plus ! Assez pour faire de son quartier un endroit étonnamment apaisé. Quelle va être la suite ? Oriane pense sincèrement à changer les choses en profondeur. De petits courriers ont commencé à être acheminé à destination de soi-disant grands hommes, hommes de pouvoir et m’as-tu-vu, grands chefs parmi les chefs et accapareurs de toutes sortes. Les fabricants de mouchoirs vont faire fortune, ceux de cordes aussi peut-être, car il n’est pas dit que tous supportent de découvrir l’intense noirceur de leur âme. Oriane ne l’espère pas, ce n’est pas ce qu’elle désire. Elle souhaite un éveil des gens et ne se réjouit pas de leur souffrance, si mauvais et vils qu’ils puissent être.
Alors, présidents à la face de carême, puissants aux ambitions blêmes pour toujours inassouvies, petits tyrans de maison, menteurs, tricheurs, voleurs et autres compagnons de déshonneur, vous n’avez qu’à bien vous tenir dans le monde, car bientôt, vous ne saurez plus vous cacher derrière vos sourires et vos fausses prouesses. Bientôt viendra l’instant où, d’un coup de crayon, tomberont vos masques à l’expression épanouie et vos certitudes vaniteuses. Préparez-vous ! Il semble que le crayon soit inusable. Il reste affûté comme avant son premier usage. Quant à Oriane, elle est infatigable. Comme tous les êtres au cœur pur, elle a encore et toujours l’espoir de voir la terre dépourvue de misère et débarrassée de ses infatués magistères.
___________________________FIN
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lutece
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Dark-Phoenix
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| | Sujet: Re: Le crayon (17)__et fin :) Dim 28 Avr - 12:06 | |
| Belle fin Karoloth Merci du partage !!! |
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Evelyne*
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| | Sujet: Re: Le crayon (17)__et fin :) Mer 15 Mai - 19:35 | |
| Alors là, quelle imagination - C'est comme si le mythe de superman avait été revisité. Et vraiment l'esprit en est tout à fait différent, Oriane n'a pas besoin de force, pour changer le monde autour d'elle et le rendre meilleur. Sa puissance réside dans la douceur de portraits qui sont inoffensifs, mais qui ont le pouvoir d'être le reflet du moi intérieur de chacun. Et peu de personnes ne s'imagine telles qu'elles sont !  |
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| | Sujet: Re: Le crayon (17)__et fin :) | |
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