Il se tut.
Les mots manquaient et s'enfuyaient. Lâches petits mots qui ne nous viennent que plus tard. Comme pourvus d'ailes, ils nous laissent dans le silence.
Il se tut.
Il n'y avait plus rien à dire, plus rien à faire. Le vide s'était fait dans sa tête, dans son coeur, dans son âme. Le froid aussi, le froid et glacial silence qui nous étreint quand on s'en veut.
Il se tut.
Elle le fixait. Elle était belle dans la lumière du printemps. Elle fronçait les sourcils, se mordait les lèvres. Elle voulait pleurer, c'était évident. Il la connaissait si bien.
Il se tut
comme il ne s'était jamais tu. Comme il n'avait jamais su le faire. Pas devant elle en tous cas. Devant elle, il parlait, il riait. Il chantait, même. Mais pas là.
Il se tut.
Et il ne rouvrit plus la bouche en la voyant partir, en la voyant souffrir. En voyant ses petits pas fouler le pavé irrégulier, en voyant ses cheveux onduler au rythme du vent.
Il se tut.
Il la savait condamnée comme personne ne devrait l'être. Il se savait incapable de vivre sans elle la vie qu'on lui avait promis. Il n'avait qu'un seul pas à faire. Un seul.
Il se tue.