quelemondeestbeau Poète
Messages : 417 Date d'inscription : 30/04/2011 Age : 27 Localisation : Neverland
| Sujet: Lune /25 Mar 18 Juin - 10:38 | |
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Le capitaine, debout devant le temple, fulminait et tambourinait. - Ouvrez-vous ! Ouvrez-vous, bon Dieu ! hurla-t-il, ivre de rage. Puis, se tournant vers son second : - Aillil ! Recompte-les ! Tandis que Lugh s'exécutait et recomptait avec précaution les écailles, le capitaine du Red Stone me fixa d'un air mauvais. Je devais avoir le visage cramoisi par les larmes. J'avais retenu tous mes cris, du début à la fin, malgré la douleur, mais je n'avais pu retenir mes larmes. Je jetai un coup d'œil à mon père. Lui aussi avait pleuré, il avait eu aussi mal que moi. Une ultime larme roula sur sa joue, rougie par les pleurs. - Capitaine... murmura Lugh.
- Quoi ? vociféra l'homme au tricorne. Le rouquin, le récipient à écailles dans les mains, paraissait très mal à l'aise, même un peu bête. - Qu'y a-t-il ?
- Il en manque une, lâcha-t-il avec un regard morne. Celui du capitaine s'emplit d'une rage sans précédent. Je crispai les poings en le voyant s'approcher de moi et collai mon front à la branche, les paupières fermement closes. Il me tira les cheveux et me maintint la tête en arrière, me forçant ainsi à le regarder droit dans les yeux. Un frisson d'horreur me parcourut : ses pupilles étaient aussi rouges que les veines qui couraient sur le blanc de ses yeux, signes d'un énervement intense. - Où est-elle ? Où est ton écaille ? Je ne répondis rien, le visage toujours baigné de larmes de douleur. - Tu l'as cachée, n'est-ce pas ?
- Non... Non... hoquetai-je entre deux sanglots. Dans un geste de rage, il relâcha violemment ma tête, qui alla se cogner contre la branche épaisse. Le capitaine ordonna à ses hommes d'aller fouiller le bateau de fond en comble pour retrouver l'écaille manquante. Tandis que ses hommes partaient à toute allure, trop impatients d'ouvrir ce fichu temple, le capitaine resta là, entre mon père et moi, fermement campé sur ses jambes, le visage de nouveau dissimulé par l'ombre de son tricorne. Il tourna la tête vers moi, lentement. Je relevai à mon tour les yeux, tout aussi doucement, à moitié cachée dans mes bras. - Dis-moi où elle est, déclara-t-il comme sur le ton de la confidence, cela nous éviterait du temps perdu.
- Je ne l'ai pas cachée, mentis-je avec assurance. - Ah oui ? (Il ressortit son pistolet de sous son manteau et le repointa sur mon père.) Et là ? Tu ne l'as toujours pas cachée ? Mon père secoua vigoureusement la tête, se dégageant ainsi du bandeau qui l'empêchait de parler. - Leanne ! me cria-t-il. Ne dis rien ! Je devinai une lueur malveillante qui brillait sournoisement dans le regard du capitaine. Balbutiant quelques mots incompréhensibles, je lançai un regard affolé à mon père. « Ne dis rien ». Voilà ce que voulaient me dire ses yeux implorants. - Tu ne veux vraiment rien me dire ? ajouta-t-il mesquinement. Soit.
- Attendez ! Le coup partit avant que j'aie pu finir ma phrase. Un cri inhumain retentit dans les secondes qui suivirent. Je mis un temps à réaliser que ce cri était le mien. - Je reviens, reprit tranquillement le capitaine en rangeant son arme. Il me laissa seule, crispée et secouée de spasmes, pour prendre la direction du navire. J'avais les yeux fixés sur le corps inanimé de mon père, que je venais à peine de retrouver. Il me fallait de l'aide. - Yo ho, yo... Ma voix se brisa dans un sanglot et je ne réussis pas à reprendre la chanson. Aujourd'hui, dans cette forêt bleutée, sur l'île des Navires Perdus, j'avais tué mon propre père.
J'ouvris doucement les yeux, la tête posée sur les poignets. Le décor n'avait pas changé et j'étais toujours attachée. Le capitaine n'était pas revenu, je n'avais pas dû dormir bien longtemps. Je sentis la présence du corps de mon père, sur ma droite, mais je ne pus me résoudre à le regarder fixement, seuls quelques regards furtifs m'échappèrent. J'avais honte, si honte. Une main se posa délicatement sur mon épaule. - Qui est-ce ? m'écriai-je en sursautant.
- Ce n'est que moi. En reconnaissant la voix de Lyrina, je me détendis. Elle avait entendu mon appel. - J'ai aperçu des pierres coupantes au fond du bassin.
- Par où es-tu arrivée ? lui demandai-je, les yeux fixés sur les liens enserrant mes poignets. - Ce bassin communique avec la Mer de Larmes. Elle replongea prestement dans l'eau à la recherche d'une pierre coupante. Ses nageoires frôlèrent les miennes quand elle se mit à nager vers le fond. Elle revint très vite à la surface, brandissant fièrement sa pierre coupante comme un trophée. En s'agrippant à la branche, elle parvint à couper les cordes. Sitôt libérée, je sortis précipitamment de l'eau et me ruai au côté de mon père, qui gisait contre un arbre. - Lyrina, il respire ! Il respire !
- Nous devons agir maintenant ou il ne respirera bientôt plus, répliqua la sirène d'une voix grave. Sous le regard de ma Penseuse, je détachai les liens des poignets de mon père. Une fois ses mains libres, il appuya de suite là où la balle l'avait touché. - Papa, soufflai-je.
- Ce capitaine est un bien mauvais tireur, répondit-il en souriant doucement. - Pourras-tu marcher ? Il hocha la tête avant de se mettre debout, la main toujours pressée sur son flanc. J'étais rassurée de voir que la blessure était beaucoup moins grave que prévu. - Leanne, dit-il en me regardant, où est l'écaille ?
- C'est Alexander qui l'a... Il se détourna de moi en grimaçant. - Je sais, je n'aurais pas dû, tentai-je de me justifier. Mais je... Il m'interrompit d'un geste de la main. Il avait raison : j'avais commis une faute, il fallait faire avec et avancer. Des éclats de voix nous parvinrent. Nous eûmes à peine le temps de nous cacher avant de voir arriver l'équipage et son capitaine. - Dans la salle des voiles ! s'exclama ce dernier en riant. Et elle croyait que nous n'y penserions pas ! Le groupe arriva bientôt près du bassin, vide de sirène. La surprise se peignit sur tous les visages à l'exception de celui du capitaine, qui affichait une grande indifférence. - Nous la retrouverons, déclara l'homme au tricorne. Une paysanne comme elle ne peut se repérer sur une île pareille. Aillil ? ajouta-t-il après un temps. Le second s'avança vers le récipient à écailles, qu'il avait abandonné pour rejoindre le Cœur des Caraïbes. De notre cachette, nous le vîmes sortir de sa poche la fameuse écaille, brillante et magnifique. Certains allèrent même jusqu'à s'extasier devant cette si petite chose. La clé d'un des trésors les plus grands et les plus convoités. D'une main tremblante, Lugh déposa délicatement le précieux objet dans le récipient. Il recula vivement et faillit percuter le capitaine. A la grande joie de ce dernier, les portes s'ouvrirent.
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Dark-Phoenix Poète
Messages : 1056 Date d'inscription : 04/09/2011 Age : 34 Localisation : Here
| Sujet: Re: Lune /25 Jeu 20 Juin - 21:23 | |
| mais que va t'il se passer ? La suite au prochain épisode |
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quelemondeestbeau Poète
Messages : 417 Date d'inscription : 30/04/2011 Age : 27 Localisation : Neverland
| Sujet: Re: Lune /25 Ven 21 Juin - 7:11 | |
| ... qui arrive très vite ! |
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