La mélodie du crocodile
N’est pas pour l'imbécile
Qui pieds joints sur la falaise
S’émeut pour des fadaises...
La mélodie du crocodile
N’est pas pour les petites filles
Qui à l'ombre d'un clavier
Écoutent les fleurs pousser

La mélodie du crocodile
N’est pas pour les pères de famille
Qui allongent leur hébétude
Sous le suaire des certitudes
La mélodie du crocodile
N’est pas pour la vieille en guenille
Qui arrose ses gardénias
A l’aube de son coma

La mélodie du crocodile
Plombe l’air de la ville
Ses couplets dissidents
Ravagent les cieux blancs
La mélodie du crocodile
N’est ni douce ni facile
Et l’oreille qu’elle déchire
Possède l’ouïe des vampires

La mélodie du crocodile
A la souplesse des vrilles
Elle tord mon âme grimée
Jusqu’à terre courbée
La mélodie du crocodile
A des sursauts de sébile
Quand mes doigts tremblent leur gangrène
Sur les bubons de ma peine

La mélodie du crocodile
N’est que spires habiles
Où se glissent en viatique
Les sanglots du cynique
La mélodie du crocodile
Est la pelote que je file
Un brin noiraud qui me suffit
A tricoter mes avanies.

Un poème sombrement mélodieux !

Baba, j'ai adoré cette triste mélopée. Merci de ce partage.  

Tout à fait étrange cette mélodie et rien que le mot crocodile instille la crainte. Dents épointées, claquement de mâchoires, chairs déchirées, violence, non, décidément cette mélodie n'est pas pour les petites filles.