Elle est venue quand tu ne l’attendais plus.
Belle comme une aurore un jour de brouillard,
Et le mystère du crépuscule
Bercé par le blizzard
Des yeux d’eaux sombres,
Des lèvres d’ombre
Gracile et dure.
Silencieuse et mortelle
Elle a passé les murs
Soufflé les chandelles,
Écarté les tentures…
Elle agrippe ton cœur
Grippe tes peurs
Tu attends ta promise
Désir te grise
Elle a d’abord ôté ses gants,
Ses mains paraissaient douces…
Lentement elle a posé sa peau de soie
Sur le haut dossier de bois,
Sa chair paraissait mousse…
Elle est venue tout simplement
Sans apprêt sans un murmure
Elle s’est coulée à tes côtés,
A léché tes blessures
Sa langue chaude s’est glissée dans ta bouche
Quand pétrifié tu gisais sur ta couche
Ses mains ont glissé sous ta chair
Empoignant tes vœux les plus chers
Elle agrippe ton cœur
Grippe tes peurs
Délicieuse et soumise
Baisant tes lèvres grises
Son souffle chaud
Entrechoque tes os
Dans la coupe profonde
De ses cuisses
Elle a piégé tes maux
Elle est pesanteur
Sur ton corps amaigri
Puissante magie
Les pulsations entre tes tempes
Battent d’anciennes tourmentes
Lorsque ce sont tes soupirs
Qui se meurent dans son rire
Elle agrippe ton cœur
Grippe tes peurs
Effarante promise
Qui mord tes lèvres grises
Elle est venue quand tu avais décidé
De ne plus l’espérer
Ses gestes tendres te guident
Dans un oubli languide
La ville dehors a beau hurler
Rien ne parvient plus à passer
Le temps s’est calciné sur le seuil
Sous les sabots furieux
Des chevauchées du deuil
Descellant la raison
Dans une étreinte ardente
Quand s’ouvre la passion
En folies gémissantes
Elle a grippé ton cœur
Tu n’as même plus de peurs
Et t'offres à ta promise
Jouissant un râle de surprise
Lorsqu’elle a apaisé
Pour ce jour cette fièvre
Elle remet ses effets
Et rajuste avec adresse
La faux
Derrière son dos.
Sur le lit, hébété,
Un spectre nouveau-né.