Aujourd’hui, tu as dit le mot « réminiscence »,
je ne sais pas pourquoi, mais je me suis surpris
à trouver ce mot beau, quand c’est toi qui le dis,
car ce mot te va bien, Luxiane de Boussande.
Car, dans une autre vie, quand tu étais princesse,
quand j’allais fredonnant mes chansons, dans les bourgs,
tu daignais me sourire, un peu, aux carrefours :
je te voyais passer, droite comme une altesse.
Te souviens-tu ? Luxiane, j’ai été ce joueur
de vielle qui chantait ses amours, dans les rues.
Moi, je m’en souviens bien, et je t’ai reconnue,
sitôt qu’en te voyant s’est affolé mon cœur.
Et quand je vois tes yeux, le passé, le présent
sont des contrées qui me deviennent familières,
les choses de demain, comme celles d’hier,
semblent se confondre en une réminiscence.
extrait d'Un Fleuve de Lumière/Nancy/1982
avec un portrait de l'auteur par Claudette Méline