Ma maison est trop grande
Je n'arrive plus à habiter toutes les pièces
De la cave au grenier
L’air m’y est devenu étranger
Une poussière moite s’est déposée sur les plinthes
Dans les failles creusées par mes craintes
Quand mes doigts s’agitaient au ras du sol
Comme un fol éventail
Mes pas se traînent dans le couloir
Suivant les pleurs du soupirail
Une ombre geôlière agite des clés
Dont je ne sais plus l'usage
Un souvenir morcelé m’indique le passage
Vers ces vieilles cellules
Où j'avais enfermé
Deux ou trois choses affamées
J'effleure à présent pour mémoire
Une combinaison rouillée
Interdisant l’accès
Menant aux coffres noirs
Des marches gigantesques ont ravalé le jour,
Sous le dallage blanc
Les caches souterraines
Relâchent leurs effluves moisissants
Un courant laborieux
Transpire sous la surface
J’erre de pièce en pièce :
Un pion qui se déplace...
Il y a des voix dans les murs
Et des yeux au plafond
Qui scrutent mes blessures
Et gardent mes obsessions
Dans un puits de langage
Ouvert dans la cuisine
Je ferre mes orages
Et mes furies intimes
Je n’habite plus en moi-même
Je regarde s’approcher l’entreprise
Qui conduira un matin blême
La démolition de l’emprise.