[Je n'oublie pas Alchemy Poètes, mais je ne peux publier tout ce que j'écris. Voici juste mon dernier poème. Il m'a emmenée là où je n'avais pas l'intention d'aller. Mon fils aîné occupait mes pensées - il a obtenu un poste très intéressant où il pourra contribuer à sauver de nombreuses vies - en regardant une photo de nous deux, alors qu'il était bébé, l'envie d'écrire m'est venue et cela a donné deux textes. C'est spécial. Enfin... je livre les mots tels qu'ils sont venus, j'espère qu'autre la joie d'une maman, vous y lirez aussi de la poésie. (
Je précise que ce n'est pas de la situation dont je suis fière mais de la passion que mon fils met dans ce qu'il entreprend, de son courage, de la vision qu'il a de la vie... et mon admiration pour mes autres fils n'est pas moindre, mais demeurent des questionnements)]
Premier texte :Une statue d'un Minute Man, toute la symbolique de la bataille de Lexington qui a marqué le début de la guerre d'indépendance en Amérique. Cette statue est l'oeuvre d'un français, Daniel Chester. Français également celui dont on célèbre la chevauchée nocturne (la course). Par son courage, il a su donner l'alerte aux colons et détourner l'attention des britanniques, avant la bataille de Lexington, puis celle de Concord. Cet homme s'appelait Paul Revere (Paul Rivière). Tous les grand-parents, parents et enfants du Massachusetts connaissent par coeur le poème de Henry Wadsworth Longfellow qui chante son exploit, il est devenu une légende : "Ecoutez les enfants, et vous entendrez/De la course de minuit de Paul Rivere,/Le 18 avril de l'année soixante quinze/À peine un homme est maintenant en vie/Qui se souvient de cette fameuse journée et de l'année ?... "
Pourquoi parler de cette ville, si étrangère à ma Bretagne ? Parce qu'un français que j'aime va y travailler. Après une période de post doctorant à Harvard Medical School (Boston), il a postulé et obtenu une place, comme chercheur, à Lexington dans une société qui analyse les résultats du séquençage de l'ADN de biopsies de tumeurs malignes, puis conseille aux médecins les traitements les plus appropriés. C'est la première entreprise du genre dans le monde c'est donc un poste très intéressant. Mon petit français avait d'autres propositions mais il a choisi celle-ci. Là, il se sentira utile, car il contribuera à sauver des vies humaines. Je reconnais bien mon enfant et je suis fière de lui.
Deuxième texte :
La nativité,
quand le corps devenu berceau,
se prête à l'éclosion de la vie,
la femme, toute à la possession d'amour,
entrevoit une perte, inestimable, celle de sa propre enfance.
Etrangère à sa chair, tout lui devient étrange,
dans la déchirure d'une naissance, dans l'abondance d'un lait, dit nourricier
Les fibres de son être, stimulé à l'extrême, hors de son contrôle,
accélèrent leurs vibrations jusqu'à atteindre l'amplitude maximale
du don de soi. Le corps mute à ses risques et périls. Le corps s'emballe
On ne soupçonne pas la portée de cette éclosion,
elle déborde des apparences,
transcende la dimension corporelle.
Tandis que les bras enlacent le nouveau-né,
le cœur devine qu'il aura à se dilater, encore.
De jour en jour, d'année en année. Petit à petit,
il libèrera l'étreinte, dans l'acceptation de l'œuvre
du temps et la complicité de l'espace.
La mélancolie déferle par vagues sur les rives de la conscience intuitive,
jusqu'à ce que l'âme, à son tour, repousse les horizons.
Comme le corps engendre la vie, l'âme accompagne la croissance de l'enfant.
Elle demeure légère, car Cronos, son allier, lui permettra d'affronter
les inévitables, petites ou grandes, séparations futures.
Les épreuves seront comme des pas japonais dans la neige des lendemains, à franchir à cloche-pied.
Oui, à cloche-pied et le cœur léger, car seul le présent, dans la bulle des complicités quotidiennes, compte.
Naissance et mort parfois se liguent... on n'entend aucun cri, seul un silence
où la lame affûtée du destin rompt ses promesses. Une porte se ferme, un escalier est subtilisé.
Mais il n'y pas de porte et l'escalier s'est éboulé.
La conscience ne peut fuir la réalité, qu'elle doit accepter de regarder.
On se retrouve stupéfaite devant le vide. Inutile. Ceux qui nous aiment nous regardent angoissés;
ils ne comprennent pas.
La raison, on la garde pour eux, même si leur amour ne peut se mesurer à l'absence.
La nature-mère préparée à la profusion doit calmer son flux.
L'expansion de tendresse après avoir chuté dans un abîme de détresse, reprendra son ascension vers un espace
que l'intelligence humaine ignore.
Le chagrin s'ouvre ensuite sur la révélation de la présence aux autres,
et sur le don du bonheur souhaité, à chaque être croisé (surtout s'il vit la joie qui nous a été refusée).
Enfants,
où que vous soyez, c'est d'une maternelle caresse que mes pensées vous délient.
Dans la proximité de l'amour, je me réjouis de savoir que vous vivez, comme vous l'avez choisi, là où vous avez décidé de vous fixer.
Quelque part les racines se rejoignent.
Toujours.
Carmen P.