Damona Morrigan Fondatrice d'Alchemypoètes
Messages : 4544 Date d'inscription : 06/11/2010 Localisation : Dans la cabane de la sorcière blanche sur l'île d'Emeraude
| Sujet: La spirale de l'oubli Part 4 Sam 19 Avr - 18:48 | |
| La spirale de l'oubli - Part 4
Le printemps effaça tous les mauvais souvenirs du jeune moine et il ressentait une vigueur nouvelle. Ce n’est pas qu’il avait chômé tout l’hiver mais avec les premiers rayons du soleil, la chaleur agréable et la lumière éclairant plus longuement ces journées, la bonne humeur l’avait gagnée. D’autant plus qu’il était sur le point d’achever sa seconde mission. Les douze ouvrages restaurés d’ici la fin de la semaine estimait-il, il pourrait être admis à l’abbaye Saint Mickaël pour le début de l’été. Il n’avait pas été dérangé depuis son retour au prieuré et, comme aucune autre tâche ne lui incombait depuis, il put consacrer tout son temps à son travail de restauration. Mais il lui arrivait parfois de rêvasser le temps d’attendre que l’encre sèche. Alors il descendait dans les cuisines après tout c’est là qu’il se sentait le mieux et il trouvait toujours une âme charitable pour lui faire goûter des mets sucrés. Quand la chance lui souriait et qu’il avait droit à un bon dessert, il se souvenait de la boutique de sa grand-mère, cela le rendait plus calme et sociable. Il s’arrangeait alors pour s’informer discrètement sur sa prêtresse en prenant part aux conversations de ses frères moines. Il allait même jusqu’à leur donner un coup de main ce qui étonnait la plupart des membres de la confrérie. - Ah oui, les marchands reviennent pour la grande foire du printemps. Ils peuvent être contents car il fait un temps magnifique. Et puis il y aura les spectacles avec leurs artistes. Ce sont de bons divertissements pour les gens du village, leurs enfants aussi en profiteront pour s’amuser, et, cela amènera de nombreux pèlerins et des rentrées d’argent non négligeables à toute la communauté intervint le jeune moine au milieu d’une discussion. Ce comportement très inhabituel de la part du frère Daniel avait éveillé des soupçons chez le frère charpentier. - Il est étonnant cher frère que tu te mêles ainsi à nos échanges sur la vie des villageois. Si tu t’y intéresses tellement tu pourrais te porter volontaire de temps à autre pour nous remplacer lors des réapprovisionnements et comme tu l’as souligné si bien te joindre à nous pour les quêtes de dons au prieuré lui rétorqua le frère Philippe avec un petit sourire moqueur au coin des lèvres. - Oh moi… Euh non mais non je n’ai pas le temps de me promener, j’ai un travail à finir. J’irai bien à votre place pour vous décharger un peu, je sais que vous avez de lourdes tâches à accomplir mais je ne peux pas faire plus que ce que je ne fais déjà. J’en suis désolé, il ne faut pas m’en vouloir, ce n’est pas moi qui aie choisi cette foutue mission de restauration s’expliqua le frère Daniel. - Nous te comprenons bien, ce qui t’importe c’est ta place à l’abbaye Saint Mickaël et rien d’autre, ne t’inquiète pas pour nous, nous l’avions réalisés dès tes premiers jours parmi nous. Sauf que la conteuse a demandé après toi et je ne pense pas qu’elle appréciera de ne pas avoir reçu de tes nouvelles depuis ton petit détour dans son antre secrète déclara le frère boulanger satisfait de sa réplique. - Alors frère Michel vous lui avez parlé, mais où l’avez-vous rencontré? Au village certainement et qu’a-t-elle dit à mon sujet? Et comment va-t-elle? Si vous la voyez passez-lui le bonjour de ma part ! débita le frère Daniel avant de se précipiter dans le corridor et rejoindre sa chambre en vitesse. Il s’enferma aussitôt. Il voulut se remettre au travail mais il n’arrivait pas à se concentrer car sans arrêt sa pensée allait vers sa prêtresse. Comme le jeune moine ne trouvait pas la paix il redescendit au rez-de-chaussée, traversa le corridor dans le sens opposé des cuisines qui menait à l’arrière-cour. Il n’y avait jamais mis les pieds depuis son arrivée au prieuré. Près du mur de la façade arrière du bâtiment qu’il ne pouvait pas voir depuis la fenêtre de sa chambre, il découvrit un passage. Il débouchait sur une longue allée de dalles en pierres flanquée d’arcades. Sur le côté gauche, il devina un petit potager avec ça et là des boutons à demi éclos de capucines, un peu plus loin des arbres fruitiers en fleurs. A sa droite, entre les arcs une annexe accolée à la construction principale s’imposa à lui. Ebahi, il resta planté devant cet appendice du prieuré. Soudain par l’une des portes surgirent plusieurs femmes visiblement préoccupées par leurs corvées car elles ne prêtaient aucune attention à ce qui se passait autour d’elles. Pour la plupart il s’agissait de nonnes mais parmi elles il distingua trois femmes vêtues comme des villageoises. Elles les saluèrent en emportant sous leurs bras de grandes corbeilles en osier. Le frère Daniel les suivit du regard quand tout à coup l’une d’entre elles se tourna dans sa direction et le fixa. De suite, il réagît en effectuant une pirouette à quatre-vingt-dix degrés feintant vérifier quelque chose dans le potager puis pivota encore pour prendre la sortie vers l’arrière-cour. Il avait reconnu sa prêtresse, oui c’était bien elle qui venait de croiser son regard. Quel imbécile je suis se sermonnait-il dans sa tête, pourquoi ne lui ai-je pas dis bonjour ou tout au moins fait un signe de la tête ou de la main. Mais pourquoi suis-je donc aussi idiot pour me comporter de la sorte et puis que faisait-elle ici, quel rapport entretenait-elle avec les nonnes et si elle travaillait indirectement pour le prieuré pourquoi ne lui en avait-elle pas parlé. Toutes ces questions lui trottaient dans la tête alors qu’il déambulait dans la cour sans savoir s’il devait monter dans sa chambre ou bien revenir sur ses pas. Ne sachant que faire, il se positionna face au banc, l’esprit toujours en conflit marmonnant dans sa barbe des mots incompréhensibles. - Chapristi par mes vibrisses chacrées tu la connais ? Hé ho le moine benêt je te cause, enfin regarde-moi, je suis là ! s’écria le chat voleur. - Sale crevure l’insulta le frère Daniel revenu brusquement à la réalité. C’est toi qui a volé un de mes livres de la première collection de l’abbaye, rend le moi immédiatement ou je te tords le cou s’esclaffa-t-il en resserrant ses mains autour de la gorge de l’animal. - Cha…prissss…ti lâche moi esss…espèce de gros cornichon c’est ce que j’avais l’intention de faire vomit le matou d’une voix encore plus rauque que d’ordinaire. Le frère Daniel le chopa par la peau du cou et le transporta jusqu’à sa chambre. Lorsqu’il le balança sur le lit, le chat cracha. Le jeune moine ne s’en offusqua pas et sans perdre de temps lui proposa un marché. Il devait le conduire jusqu’au livre volé et s’il le récupérait dans un état acceptable il le laisserait partir. La boule de poil émit des sifflements en protestation. Puis il lui garantit de lui ramener ce qu’il voulait mais à une condition. Il irait seul le chercher et après lui avoir remis le grimoire, le moine devait lui donner sa parole de ne jamais révéler à qui que ce soit qu’il était en sa possession et de le cacher dans un endroit sûr où personne ne pourrait le trouver. - Dis donc la crevure tu penses me berner aussi facilement avec tes histoires saugrenues, je ne suis pas aussi naïf que tu le crois. Et puis ce livre appartient à l’abbaye Saint Mickaël et il est de mon devoir de le leur rendre déclara le frère Daniel solennellement. - Pauvre chou ! Tu l’auras je t’en fais la promesse, chapristi par mes vibrisses chacrées, paroles du chat ami de la dame des bois. Tu en porteras la responsabilité et à toi seul il reviendra de choisir entre le mettre à l’abri ou de le rapporter à Mont la Forteresse lui signifia le matou en se dirigeant vers la sortie sans se retourner. Malgré qu’il doutait de la sincérité de l’animal, le moine se força à le laisser s’en aller en le menaçant de le traquer et de l’écorcher s’il le trahissait. Il ouvrit la porte. Le chat dévala les escaliers des combles, sauta sur le rebord de la fenêtre du premier étage et disparut aussitôt. Tout ce que le frère Daniel espérait c’est que ce maudit chat tienne parole et ainsi il pourrait rapporter ce fichu livre à l’abbaye avec la seconde collection. Oui il espérait vraiment, il se sentirait bien plus léger et confiant lorsqu’il se présentera à nouveau devant le grand abbé.
Tout était fin prêt, il ne manquait plus que le matou à l’appel. Le frère Daniel relativisa. Il avait fini sa restauration deux jours à l’avance et l’animal pouvait encore pointer son nez d’ici là. Il chercha à s’occuper et se souvint de l’ébauche d’un conte que la prêtresse lui avait donné lors de sa halte forcée chez elle. Il ouvrit le tiroir de son chevet, la saisit et, se mit à l’aise sur son lit puis commença la lecture. Il fut happé dans l’histoire dès les premières lignes. Au fur et à mesure de sa progression, il constata avec plaisir qu’il ne s’agissait pas d’un brouillon mais d’un ouvrage abouti qui ne nécessitait aucune amélioration sauf peut-être, la touche d’un jeune maître perfectionniste. Très vite, il s’accrocha à cette idée qui venait de germer dans son esprit, il fallait embellir ce livre, le mettre en valeur en lui confectionnant une couverture. Oui, c’était ce qui lui manquait pour le rendre plus solide et beau. Sur les étagères dans son armoire, il trouva son bonheur parmi les fournitures récupérées lors de ses travaux d’apprentissage ou autres réfections opérées depuis. Une ancienne couverture en peau de porc lui convenait à merveille parce qu’elle était au format adapté et que son état était satisfaisant. Le jeune moine pris d’une frénésie soudaine se mit au travail avec une telle vivacité qu’il ne vit pas les heures s’écouler et l’aube poindre dans l’encadrement de sa fenêtre grande ouverte. Le frère Daniel certes après tout ce temps passé sans relâche à habiller le livre titubait de fatigue mais, il était si heureux et fier de la réussite de l’assemblage autant sur son aspect esthétique que sur sa composition renforcée. Il s’affala sur son lit et s’endormit sur le champ.
Lorsqu’il se réveilla, la pièce baignait dans l’obscurité. Un mince filet de lumière éclairait le livre qui trônait sur la table parmi tous les objets que le jeune moine avait abandonnés pour se reposer. On aurait cru que l’astre de la nuit tentait de percer son secret de ses rayons d’argent. La scène semblait si irréelle que le frère Daniel se frotta les yeux. Sa vision restait la même. Il s’étira, bailla et alluma sa lampe. Il retrouva ses esprits plus vite qu’il ne le croyait. Son cœur s’affola. La porte était entrebâillée. Après avoir vérifié s’il n’y avait personne dans le corridor et les escaliers, il referma la porte derrière lui et la verrouilla. Il se dirigea aussitôt vers la table pour l’examiner afin de s’assurer que rien n’avait été volé. Quelle ne fut pas sa stupéfaction lorsqu’il s’aperçut que deux livres se trouvaient là, devant lui, l’un à côté de l’autre, et, que celui convoité par la lune s’avérait être l’ouvrage dérobé par la crevure ! Ainsi ce maudit chat avait tenu sa promesse. Le frère Daniel soupira. Déjà, il ne pensait plus qu’aux préparatifs du surlendemain et à sa visite au grand abbé. |
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Dark-Phoenix Poète
Messages : 1056 Date d'inscription : 04/09/2011 Age : 34 Localisation : Here
| Sujet: Re: La spirale de l'oubli Part 4 Lun 5 Mai - 22:52 | |
| Mais quelle histoire peut-il donc bien y avoir dans ce livre ^^ |
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lutece Administrateur-Poète
Messages : 3375 Date d'inscription : 07/11/2010 Age : 67 Localisation : strasbourg
| Sujet: Re: La spirale de l'oubli Part 4 Mar 6 Mai - 12:18 | |
| J'adore, Damona et je vais vite lire la suite!!!! |
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| Sujet: Re: La spirale de l'oubli Part 4 | |
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