Part 1 : Akito, l’homme de l’aube.
Akito se réveille en sursaut. De ses doigts tremblants, il craque une allumette. Bientôt, la lumière gagne toute la pièce et les yeux fixés sur les draps mouillés par la sueur, il repasse dans sa tête les images cauchemardesques de ce mauvais rêve qui revient le hanter chaque nuit depuis plus d’un mois…
Ses pas l’amène vers la cabane près de la rivière. Il fait déjà trop froid pour s’aventurer sur l’eau, c’est le début de l’hiver. Pour ne plus penser à son cauchemar, il décide de réparer les filets de pêche. Lorsque le jeune homme, content de son travail matinal se prépare à prendre une pause, quelqu’un s’approche. Il sort deux bols, mets l’eau à bouillir pour faire le thé. Son grand-père franchi la porte en le saluant. Son regard se pose sur les filets rafistolés puis se tourne vers Akito avec un sourire de satisfaction. Sans un mot, ils s’installent tous les deux sur les marches en bois bien emmitouflés dans leur parka avec, pour se réchauffer les mains et le cœur, la boisson bien chaude. Leurs esprits se perdent au loin, dans la beauté sauvage de la nature qui les entoure. Sous un soleil pâle, ils admirent le scintillement des reflets du givre recouvrant tout ce qu’ils touchent de leurs yeux.
Le grand-père, alors, d’une voix grave et mélodieuse brise le silence.
- Akito, tu t’es levé bien tôt ce matin, ton âme n’a-t-elle pas trouvé le repos cette nuit ?
- Ce sont ses images qui se répètent toutes les nuits, elles m’empêchent de dormir. Je suis à la fenêtre de la cabane et je regarde la rivière gelée. Puis soudain je suis projeté à travers le mur comme si j’étais un fantôme. Je ne veux pas voir mais je ne suis plus maître de mon corps flottant dans les airs au-dessus de l’eau. Et tout se teinte de rouge. Je crois que c’est du sang, grand-père, du sang !
- Calme-toi mon petit, ce n’est qu’un cauchemar. Et l’esprit de la rivière, Mizunoseï veille sur nous. Il ne tolèrerait pas que l’on fasse du mal aux habitants de la région. Nous sommes sous sa protection, alors ne t’inquiète plus.
Sur ces paroles, le vieil homme se lève et s’en retourne à la cabane. Akito le suit. Puis, sur ordre de son grand-père, il va allumer le feu dans la cheminée et resservir le thé. En se frottant les mains à la chaleur des bûches qui se consument, l’ancien soupire. Il semble perdu dans ses pensées. Akito sait. Il attend patiemment que son grand-père lui raconte une nouvelle histoire, une des temps anciens. Ses pupilles brillent de l’éclat de celui qui va combler sa curiosité et satisfaire sa soif d’aventure de ses contes fantastiques qu’il affectionne tant !
