Il arriva sur un forum dont on lui avait fourni la situation, plus tôt dans la nuit, par hasard. Il trouva là, la solution pour assouvir sa passion, son attrait pour un joli capharnaüm produisant mots rimants, romans, courts plaisirs, sons…

Alors, il posa la son sac, son stylo a la main. Il alluma son spot, posa son bloc. L'inspiration allait au plus court, sans imagination, on chutait dans un bas-fonds toujours trop confus. Son stylo courait sans conviction, aucun bon mot pour la nuit. Il buva, froid. Dormir s'imposa à lui pour l'oubli d'un soir cristallin. Il posa son stylo blanc, sans bon mot, aucun apport au forum.

La disparition attristait son courroux.

Son GSM sonna, tôt. Il lut un nom inconnu qui n'inspira point Lars. Il sortit du lit chaud qu'il occupait voila trois nuits, trois nuits ou il n'avait pu avoir aucun contact. Lars ôta un drap blanc, qu'il plia, posa dans un tiroir d'acajou. Il savait qu'il n'aurait dû dormir tout son saoul, mais tant pis. A quoi bon avoir craint tout un forum ?

Un franc rai clair inonda son salon. Lars cligna. Un bouquin, dont on avait omis la consultation, tronaît sur un fin bahut, au bois clair. Il n'avait pas pris un instant pour parcourir un bouquin si court, qu'il savait pourtant concis. Lars n'avait jamais su où il irait. Son stylo, un bic à bout fin, avait rompu tout contact imaginatif. Quoi qu'il put fournir, Lars oubliait. Tout. Il n'aimait pas sa situation, Max avait au moins raison sur un point, il fallait partir.

Soit, il opina. Il partira, mais où ?

Il savait au fond qu'il n'avait plus qu'a fuir. On lui avait tout pris, on lui avait fait un si grand mal. Max lui avait dit, lui disait, lui dira, Jusqu'ici il ignorait son courroux, jusqu'ici il fut si impuissant qu'il stagnait, dans sa maison aux murs si blancs.
Il alluma sa radio. La chanson qui passait l'apaisa, un son qui sonnait jazz, la voix qui laissait pantois. Lars aimait. Il aimait l'aura du son.
On sonna. Lars alla ouvrir/

Max, l'air imposant, portant un plaid ainsi qu'un foulard gris, poussa Lars. Il laissa son ami qui s'installa dans son salon, sans un bruit, ôtant son gant.

Max doutait. Lars connsaissait trop son ami. Jadis, il lui aurait fait faux-bond, mais aujourd'hui jamais il n'osa. Max murmurait :

« Crois-tu m'avoir compris ?
- Oui. L'imagination au point mort, j'ai tant à fuir. Il suffit, partons.
- Pourras tu tout fuir ?
- Fuir la mort paraît croustillant.

Max opinait, l'air satisfait. Il prit son bol fumant, qu'il sucra, avalant un chocolat chaud. Lars alla à son lavabo, il mouilla un gant,  lava son corps. Il n'avait plus aucun savon, il avait omis son rachat. Ca aussi il l'avait omis, parmi maints oublis.Il attrapa son costard, qu'il mit.

Max approchait du portail, Lars marchait à grands pas, luttant sous un fort mistral apportant un froid du Sud. Un instant plus tard, on marchait sur un quai, au sol gris. Au loin on nota un bruit connu, un joli son d'un train diviguant au long du rail. Ou irait-il ? Lars l'ignorait, Max aussi. Il voulait partir, sans vouloir savoir où. L'imprévu l'attirait, Max suivrait, un ami ça suivait toujours. On choisit un wagon, on s'installa.

On siffla, plus loin.

Dans un fracas assourdissant, on quitta un bourg qu'on croyait plus grand, qu'on croyait à tort plus grand.
On sourit à Lars, on lui parla. La voix sonnait clair, il aima. On voulut savoir son nom, qui'il donna. A son tour, il voulait savoir. A son tour, on lui donna. Amy.

Sans qu'on ajoutat un mot, Amy s'assit. Chacun sur un strapontin au confort banal, la vibration du train aidant, on paraissait las. Lars parla à Amy, un climat confiant s'installant. Amy aussi quittait tout, mais Lars finit par savoir qu'Amy fuyait surtout un malapris, un goujat qui n'avait su lui offriir qu'un mauvais tour. Lars parlait, lui aussi, ponctuant parfois son discours d'un savant brin d'humour. Amy riait, Max dormait. Lars montra a Amy un bois touffu d'où un animal, au nom qu'on ignorait, sortait… Un instant plus tard, l'animal parcourait d'un pas vif un champ aux grains d'or, s'abandonnant à la vision d'un duo qu'on imaginait hagard.

Lars proposa un sandwich à Amy, qui avait faim.. Max dormait toujours, droit sur son strapontin, jouissant d'un confort pourtant mauvais. Amy sourit, quittant un wagon qu'on occupait non sans plaisir, suivait Lars, son compagnon du jour.
Lars commanda trois sandwichs,  on y ajouta trois cocas frais. Il glissa un sandwich dans son sac à dos, il y ajouta un coca, Max n'aimait pas ça, mais Lars voulait nourrir son ami. Amy s'installa dans un coin du wagon, invitant Lars à s'assoir aussi. La discussion allait bon train, on riait, on avalait un bout du sandwich qu'on trouvait mou, on parlait, on avalait un trait du coca qu'on trouvait trop chaud, on vivait.

Lars commanda un arabica, noir. Amy n'avait plus soif, son coca avait suffi. Lars but, sans bruit. Amy ramassait son sac, Lars, courtois, lui donna son cuir.
«  Allons voir Max, qui sait s'il n'a pas fini…
- Fini ?
- Son occupation : dormir…
- D'ou connais tu Max ?
- Jadis, nous avons assis nos corps sur un banc commun,
- A la fac' ?
L'air soudain las,Lars sombra dans un passif qu'il voulait parfois oubli...
- Oui, maints saumons ont couru sous un pont…

Amy savait qu'il n'irait pas plus loin, a quoi bon ? Lars lui plaisait, son humour, son ton jovial, son insatisfaction qu'il s'appliquait, tout lui allait. Pourquoi avoir fait un pas, pour voir un inconnu, Lars, par hasard dans un wagon filant au loin ?
Sans un mot, on gagna un wagon ou on surpit Max, un sandwich à la main, on rit....

La fin du jour pointait, laissant au loin son final rai brillant.

Plus loin, un quai, plus grand, plus long, apparaissait. On quitta un train pour la station qu'on trouvait, non sans raison, accort. On trouva alors trois inconnus sur un quai, dans un pays dont on ignorait jusqu’à son nom. Max s'avança plus avant, Lars frôla la main d'Amy, qu'il finit par saisir. Amy, l'air surpris d'initial abord, laissa sa main à Lars.

Soudain, Max stoppa.

« Où dormirons nous quand la nuit aura pris son rang ?
- N'y a t-il pas un camping plus loin ? Dit Amy, son doigt pointant un portillon blanc, plissant sa vision sous son front.
On s'approcha du portillon, on lut. La pub vantait un camping qu'on trouvait non loin, dans un coin sûr, au mitan d'un bois qu'on voulait apaisant, où l'on assurait un confort flagrant, qu'on oubliait pas.

Max paraissait partant, Lars gardait sa main dans la main d'Amy, qui, un instant plus tard, siffla un taxi, un volvo gris. On s'installa, sans bruit. Amy donna l'indication du camping. On roula ainsi pas plus d'un quart d'un tour du cadran, somnolant au fil du roulis.
Un fort projo apparut alors, illuminant d'un si puissant halo un parking, amas confus d'autos camping-cars, camions dont l'inscription du pays variait toujours. Un roumain cotoyait un Irlandais, qui lui cotoyait trois Portuguais. Alors qu'Amy allait choisir un pavillon, Lars paya son dû au taxi, qui, bougonnant, marmonnant un imbroglio confus qu'on occulta, tarda point à fuir.

Amy avait choisi un pavillon aux confins du camping, tout confort. Max, sortant du coin ou l'on trouvait four à induction, frigo ainsi qu'un bac à fruits fort attrayant, notifia a Lars, qui lisait sur un sofa, qu'il avait faim. Il proposa un plat chaud qu'on pourrait choisir au snack, profitant alors d'un soir frais. Amy sourit, donnant ainsi son accord, fort plaisant pour Lars, ravi.

On gagna nos lits tard, on avait ri, on avait bu. Au bungalow, Amy approcha Lars, lui posant sur son front un doux bisou qui transporta l'asocial dans un capharnaüm d'avis abstrus, mais si charmants.

Amy dormait, Max aussi. Lars alluma la radio, on diffusait du Mozart. Parfait.
Il sortit un bloc, un stylo, un mot lui vint. Puis un suivant. Au bout d'un instant qui lui parut si court, il parvint à la conclusion d'un avant-goût du manuscrit, sa mission.

Lars posa son stylo, il lut. Il aimait son introduction, il aimait son travail.
Il avala un whisky, d'un trait.
Il craignait l'amour naissant pour Amy.
Il craignait l'amour.

J'aime beaucoup

peut-être à poster dans "nouvelles" , non ? j'aime bien l'écriture.