Une nouvelle qui date un peu, un peu gêné de la poster ici-bas, pour être tout à fait franc, mais qu'importe les risques inhérents à une telle manoeuvre.
Claquée. Vidée. Exténuée. Katie parcourait les derniers mètres qui la séparaient de sa chambre d'hôtel en s'appuyant aux murs, se prenant les pieds dans les tapis, jurant contre les statues de marbre blanc qui ornaient les allées. Grecques ou romaines, elle s'en foutait. Ce qui lui importait, à cet instant précis était de se jeter dans son lit et dormir. Dormir de tout son saoûl et attendre le lever du jour.
Et recommencer.
Cette série de concerts sans relâche, aux quatre coins de le Suisse lui imposait un rythme bien trop soutenu et ses producteurs n'en avaient que faire. Sa gratte refroidissait à peine qu'il fallait déjà brancher l'ampli, sentir les lumières aveuglantes, et vider ses tripes sur scène. Combien de temps allait elle encore tenir, elle n'en savait rien. Ce dont elle était sûre, c'est qu'elle rentrait tous les soirs un peu plus fatiguée. Cet enfoiré de Strickland, son producteur, la poussait, inébranlable. Elle avait apprécié Strickland, cet homme si avenant, avec ses costumes repassés à la perfection, son allure assurée et son sourire enjôleur. Ce sourire qu'elle aimerait effacer de ce visage qu'elle haïssait. Mais elle avait besoin de lui. Le second disque en préparation ne dépendait que de son bon vouloir, mais il semblait prendre un malin plaisir à la crever en concerts, alternant festivals et scènes de plus en plus grandes. Le succès ne déméritait pas et pourtant Katie ne se sentait pas à son aise, malgré la débauche de moyens, les hôtels luxueux, les BMW...
Elle mourrait d'envie d'envoyer balader ces journalistes se pressant, leur foutu duo stylo-calepin à la main, avides de savoir si elle avait fréquenté le dernier people en devenir, ou si elle comptait porter la dernière robe d'un couturier de renom.
Le succès avait fait de Katie une icône du punk-rock, mais à quel prix ? Celui d'une poupée ''rock'' à la une des magazines ? Elle qui avait connu les concerts dans les bars miteux, les logements insalubres, les mauvaises fréquentations. Katie en venait à regretter ce putain de temps. Elle était libre, libre comme une artiste devrait l'être, libre d'évoluer dans sa bulle au gré du temps, de composer ou et quand elle le désirait, libre d'ouvrir sa gueule. La notoriété la forçait à suivre le vent que tous ces vautours lui imposaient, et emprisonner un électron libre n'a jamais donné quoi que ce soit de positif.
Lassée elle l'était, blasée également. Et à quel point. Alors quand elle rentrait, qu'elle fermait à clé la porte de sa chambre d'hôtel et qu'elle s'allongeait sur le lit, elle pleurait. Elle pleurait comme quiconque à qui l'on met des chaînes, aussi imaginaires soit-elles. Elle pleurait et personne ne la soutenait. La solitude faisait partie d'elle et l'enveloppait. La perpétuelle agitation autour d'elle n'y changeait rien.
Elle pleurait.