Part 2 : La naissance de Miyuki.
Dans des temps reculés, vivait le maître du Cosmos, l’esprit du temps. A sa toute première rencontre avec la dame de la terre, l’esprit de la belle saison, son cœur battait si fort et si vite que les étoiles furent secouées vivement. Dans le tourbillon de leur affolement, elles réveillèrent tous les astres endormis et l’on raconte que certaines d’entre-elles furieuses de jalousie s’étaient mises à rougir de colère jusqu’à l’explosion. Malgré le chaos qui régnait dans tous le Cosmos suscité par cette vague d’amour intense, la vie continua son cours, et, les amoureux se lièrent pour l’éternité sous le chapiteau des nébuleuses devant leurs témoins les étoiles filantes. Celles-ci filèrent sans cesse aux quatre coins de l’univers pour apporter les heureux messages provenant du couple du ciel. Un jour vint celui qui annonçait la naissance de leur quatrième enfant. Il s’agissait d’une petite fille, toute menue à la peau blanche et aux grands yeux gris. Ils l’appelèrent Miyuki. Elle ne ressemblait à personne, ni à ses frères ainés, ni à ses parents. Elle était très timide et ne parlait que très peu. Sa mère prise de compassion pour elle l’envoya sur la terre voyant qu’elle ne s’était liée d’amitié avec aucun enfant de son âge. Miyuki avait à peine cinq ans lorsque ses petits pieds se posèrent sur la planète bleue tout près de la rivière sous la protection de l’esprit de l’eau. Mizunoseï l’avait pris en affection et lui chantait souvent des berceuses lorsque le sommeil l’a boudait. Et c’est ainsi que Miyuki grandit. Elle adorait les longues ballades dans les forêts, se coucher dans l’herbe fraîche qui chatouillait sa peau si claire. Son esprit vagabondait dans l’éternité de la belle saison en s’imaginant les exploits qu’accomplissaient ses frères sur son étoile natale. Son ami Hokufu, l’esprit du vent lui donnait régulièrement des nouvelles de la famille. Il lui avait appris que chaque esprit avait un don particulier et que leur progéniture en recevait un aussi en cadeau de nativité par le grand maître de l’univers. Elle n’avait pas encore trouvé le sien. Peut-être était-elle encore trop jeune pour le découvrir et ce qui lui importait, étaient les miracles de ses frères. Le premier pouvait faire tomber une pluie douce et fine pour étancher la soif de dame nature afin d’embellir son manteau au plus grand plaisir de tous les esprits. Le second ravivait la flamme de sa boule de feu qu’il brandissait au-dessus des montagnes, des vallées et des forêts pour envelopper tous les éléments de sa chaleur bienfaisante. Et, enfin le troisième de son souffle puissant balayait le sol en soulevant les poussières et les particules qui n’attendaient qu’une chose, de prendre racine dans la bonne terre pour enfin s’épanouir sous les prouesses accomplies par les deux autres fils du couple du ciel.
Mais, un jour, Miyuki se sentit seule, terriblement seule. Alors elle implora l’esprit de l’eau de solliciter une faveur en son nom auprès de l’esprit de la glaise et de l’argile. Elle voulait un compagnon de jeu. Un ami qui la laisserait monter sur son dos et la promènerait à travers la forêt comme elle avait vu faire les enfants-esprits qui jouaient, riaient ensemble en prenant des formes étranges et laissaient grimper les plus courageux sur eux pour les emporter dans une course folle dans le jardin de l’amusement. Voyant l’ennui qui rongeait la douce, l’esprit de la glaise et de l’argile ne put lui refuser sa demande. Il prit une poignée de terre, l’éleva vers le ciel et, y insuffla la vie sous la forme de l’image perçue dans l’imagination de Miyuki.
L’ancêtre du cerf se tenait là, debout, fier de ses bois attendant son baptême. La frêle jeune fille fut émerveillée et sans aucune peur s’approcha de son premier ami en prononçant d’une voix emplie d’émotion son nom. Shika. Elle prit place sur son dos et ils partirent tous les deux pour une promenade dans les bois qui restera à jamais gravée dans leur mémoire.